La liberté d’entrée et de sortir, nous en touchons un peu l’importance
depuis des semaines, même si d’autres en sont privés plus que nous, en prison, retenus
comme otage, terrés dans un pays en guerre, etc.
Il y a dans la vie de passages, des seuils. La pandémie avec tout
ce qu’elle impose nous place ensemble et chacun à un seuil. Que faisons-nous de
notre vie ? Certains ne changeront rien, parce qu’ils n’ont pas les moyens
de décident de leur vie. Qui viendra les aider à sortir de cet enfermement ?
D’autres ne changeront rien, parce qu’il n’y a rien à changer et que tout va
bien ainsi. Le monde est en feu, mais
tout va bien… Qui les aidera à sortir de leur enfermement ? Il y a ceux
qui ont peur de sortir, parce que le monde est agression ; peur d’entrer
parce que leur foyer est insécurité et de violence.
D’autres encore, voudraient bien entrer, avoir non seulement un
toit mais une place dans la société. Qui ouvrira la porte et les accueillera ?
Qui entrera et sortira des Ehpad ? Il faudrait ainsi continuer à filer la
métaphore. Entrer et sortir, c’est vivre. Et le confinement nous en rappelle l’évidence.
On ne vit pas à rester chez soi, calfeutrés, mais à entrer et sortir.
Pour entrer et sortir, quel seuil passons-nous, quelle porte
franchissons-nous ? Celle des habitudes, la grande porte ou celle du fond
du jardin ? Certains préfèrent la fenêtre, voleur ou intrus en leur propre
vie.
Et voilà une affirmation surprenant de l’évangile, une de plus :
« Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra
entrer ; il pourra sortir. » (Jn 10, 9) Qu’est-ce que cela veut dire
passer par Jésus, qu’est-ce que cela veut dire que Jésus est la porte, un seuil ?
Passer par lui pour penser ce qui nous arrive. Passer par lui pour
lire le monde et notre existence. Nous regardons toujours le monde et notre vie
selon une perspective. Le point de vue absolu n’existe pas. C’est une
contradiction dans les termes : ce qui est ponctuel ne peut être absolu.
Et l’on n’est toujours d’un point de vue. Il n’y a pas de vue sans point de
vue, même si la vue d’un point de vue est partielle.
Ainsi donc, si la porte pour voir la vie, pour entrer et sortir, c’était
Jésus, cela pourrait décaler notre regard et nous permettre d’envisager la vie
autrement. Si l’ouverture de la maison, la porte, c’est Jésus, notre vie se
montre différemment, et le monde.
Nous connaissons tous des gens, nous peut-être, qui prennent
toujours la mauvaise porte, qui n’en sortent pas de leurs enfermements. Ne sommes-nous
pas tous ainsi, dès lors que ce serait nos points de vue, nos opinions, y compris
religieuses, qui nous empêchent de voir, d’entrer et de sortir ?
Passer par la porte Jésus pourrait nous ouvrir des perspectives
insoupçonnées. Et si nous essayions ? Rien que pour voir. Si nous étions
impatients d’entrer et sortir par cette porte comme nous le sommes de sortir de
ce confinement. Même ceux qui se disent convaincus dans la foi doivent changer
de porte, car Dieu n’est pas ce que nous croyons, n’est jamais ce que nous
croyons, et la porte que nous nommons Jésus n’est jamais lui, ou si peu. Il ne
suffit pas de connaître le nom de la porte pour savoir où elle se trouve et
bien de ceux qui en ignorent le nom l’empruntent royalement, sagement.
Voyez leur liberté, leur capacité à se renouveler, leur capacité à
voir le monde avec un regard toujours neuf, jamais habitué ni résigné à la
misère du monde, jamais aveugle ni blasé devant la beauté du monde.
Pourquoi Jésus s’offre-t-il à nous faire entrer et sortir, à être
une porte sur la vie ? Pour qu’on l’aime ? Pour qu’on l’adore ?
Pour qu’on croie en lui ? Pour avoir des disciples ? Rien de tout
cela. « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et abondante ! »
(Jn 10, 10) Il est temps de vivre, de vivre abondamment.
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