01/05/2020

La liberté d'entrer et de sortir (4ème dimanche de Pâques)


La liberté d’entrée et de sortir, nous en touchons un peu l’importance depuis des semaines, même si d’autres en sont privés plus que nous, en prison, retenus comme otage, terrés dans un pays en guerre, etc.
Il y a dans la vie de passages, des seuils. La pandémie avec tout ce qu’elle impose nous place ensemble et chacun à un seuil. Que faisons-nous de notre vie ? Certains ne changeront rien, parce qu’ils n’ont pas les moyens de décident de leur vie. Qui viendra les aider à sortir de cet enfermement ? D’autres ne changeront rien, parce qu’il n’y a rien à changer et que tout va bien ainsi. Le monde est en feu, mais tout va bien… Qui les aidera à sortir de leur enfermement ? Il y a ceux qui ont peur de sortir, parce que le monde est agression ; peur d’entrer parce que leur foyer est insécurité et de violence.
D’autres encore, voudraient bien entrer, avoir non seulement un toit mais une place dans la société. Qui ouvrira la porte et les accueillera ? Qui entrera et sortira des Ehpad ? Il faudrait ainsi continuer à filer la métaphore. Entrer et sortir, c’est vivre. Et le confinement nous en rappelle l’évidence. On ne vit pas à rester chez soi, calfeutrés, mais à entrer et sortir.
Pour entrer et sortir, quel seuil passons-nous, quelle porte franchissons-nous ? Celle des habitudes, la grande porte ou celle du fond du jardin ? Certains préfèrent la fenêtre, voleur ou intrus en leur propre vie.
Et voilà une affirmation surprenant de l’évangile, une de plus : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir. » (Jn 10, 9) Qu’est-ce que cela veut dire passer par Jésus, qu’est-ce que cela veut dire que Jésus est la porte, un seuil ?
Passer par lui pour penser ce qui nous arrive. Passer par lui pour lire le monde et notre existence. Nous regardons toujours le monde et notre vie selon une perspective. Le point de vue absolu n’existe pas. C’est une contradiction dans les termes : ce qui est ponctuel ne peut être absolu. Et l’on n’est toujours d’un point de vue. Il n’y a pas de vue sans point de vue, même si la vue d’un point de vue est partielle.
Ainsi donc, si la porte pour voir la vie, pour entrer et sortir, c’était Jésus, cela pourrait décaler notre regard et nous permettre d’envisager la vie autrement. Si l’ouverture de la maison, la porte, c’est Jésus, notre vie se montre différemment, et le monde.
Nous connaissons tous des gens, nous peut-être, qui prennent toujours la mauvaise porte, qui n’en sortent pas de leurs enfermements. Ne sommes-nous pas tous ainsi, dès lors que ce serait nos points de vue, nos opinions, y compris religieuses, qui nous empêchent de voir, d’entrer et de sortir ?
Passer par la porte Jésus pourrait nous ouvrir des perspectives insoupçonnées. Et si nous essayions ? Rien que pour voir. Si nous étions impatients d’entrer et sortir par cette porte comme nous le sommes de sortir de ce confinement. Même ceux qui se disent convaincus dans la foi doivent changer de porte, car Dieu n’est pas ce que nous croyons, n’est jamais ce que nous croyons, et la porte que nous nommons Jésus n’est jamais lui, ou si peu. Il ne suffit pas de connaître le nom de la porte pour savoir où elle se trouve et bien de ceux qui en ignorent le nom l’empruntent royalement, sagement.
Voyez leur liberté, leur capacité à se renouveler, leur capacité à voir le monde avec un regard toujours neuf, jamais habitué ni résigné à la misère du monde, jamais aveugle ni blasé devant la beauté du monde.
Pourquoi Jésus s’offre-t-il à nous faire entrer et sortir, à être une porte sur la vie ? Pour qu’on l’aime ? Pour qu’on l’adore ? Pour qu’on croie en lui ? Pour avoir des disciples ? Rien de tout cela. « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et abondante ! » (Jn 10, 10) Il est temps de vivre, de vivre abondamment.

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