Nous n’en avons toujours pas fini avec le premier chapitre
premier de l’évangile de Marc commencé il y a cinq semaines voire plus.
Les versets 1 à 8 ont été lus lors du deuxième dimanche de
l’avent, le 4 décembre dernier. Nous n’avons pas lu les quelques versets
suivants sur le baptême de Jésus. Cette année, cette fête ne tombait pas un
dimanche.
Lors du 3ème dimanche ordinaire, le 22 janvier,
nous avons lu l’appel des premiers disciples, les versets 14 à 20. Le dimanche,
suivant, les versets 21 à 28 avec un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm
qui se termine par l’expulsion d’un esprit mauvais. Dimanche dernier, les
versets 29 à 39 ; après la guérison de la belle mère de Pierre et de
nombreux malades ou possédés, Jésus sort seul pour prier. Rejoint pas les
disciples qui le retrouvent, ils vont dans d’autres villages.
Aujourd’hui enfin, sixième dimanche, les versets 40 à 45.
Nous achevons le chapitre. Le suivant nous ramènera à Capharnaüm où une
nouvelle page s’ouvrira. Nous venons d’entendre qu’un lépreux a été guéri.
Ce petit retour en arrière permet de prendre conscience de
la rapidité extrême du premier chapitre de Marc. Quarante cinq versets. Cela
tient sur une page. Un texte court donc même s’il nous a fallu cinq dimanches
le lire. Mais après la lecture de la page, on a envie de s’asseoir pour
reprendre son souffle. Le texte n’a pas arrêté : Ouverture de l’Evangile,
présentation du Baptiste, baptême de Jésus, tentations au désert, première prédication
de Jésus, appel des premiers disciples, arrivée à Capharnaüm et enseignement à
la synagogue, guérison de la belle-mère de Pierre et de nombreux malades, libération
d’un possédé, prière de Jésus, recherche des disciples et départ pour d’autres
villages, guérison d’un lépreux, toute la contrée parle de lui, il se réfugie dans
le désert.
Qui dit mieux ? Tour de force littéraire de Marc qui ne
se contente pas d’une énumération mais qui prend le temps de raconter tant d’anecdotes,
en quelques mots, de sortes que l’on voie vraiment Jésus et le visage de ceux
qu’il a rencontrés. Nous n’avons pas parcouru, en lisant le chapitre, une liste
de choses faites, mais nous avons vraiment assisté a de vrais moments de
rencontres. Toutes les fois Jésus s’arrête, semble prendre son temps. Se
promener le bord du lac ne se fait pas en trois secondes ! Le rythme est
encore ralenti par la halte de la prière et le refuge dans les endroits déserts
qui restent vides même d’actions.
Marc n’avais pas perdu de temps, si je puis dire, à parler
de l’enfance de Jésus. Il nous le présente au moment où il quitte le Baptiste
et prend son envol. Mais là, tout en prenant son temps, il n’arrête pas de
rencontrer et de guérir. A peine Jésus est-il remonté de l’eau qu’aussitôt une
voix se fait entendre et le met en route. Aussitôt, le mot reviendra dix fois
dans la trentaine de versets qui suit, pratiquement une ligne sur trois. C’est
comme si, depuis la nuit des temps, retenu par quelque impossibilité, Dieu,
entrant dans l’histoire, se hâtait de rencontrer chacun, de guérir tous les
malades, d’appeler tous les hommes à la fraternité sans rien perdre de sa vie
intime, le colloque du Père et du Fils dans l’Esprit. Sa vie intime, c’est la
vie de l’humanité, c’est-à-dire une humanité fraternelle.
Plus qu’un jaillissement hors de starting-blocks, c’est la
force tranquille de multiples rencontres personnelles. Dieu enfin se livre sans
réserve à ce que depuis toujours il projette, vivre avec les hommes, vivre au
milieu des hommes. Il rêve de cela depuis toujours. Certes, les hommes ont bien
essayé de vivre avec lui, mais ça ne marche pas très bien. Alors, le seul
moyen, c’est que lui vienne.
Mais là, lorsqu’il arrive, c’est fou ce qu’il y a à faire :
révéler à l’humanité qu’elle est une fraternité, geste ébauché par l’appel des
quatre frères ; restaurer tout ce qui est tordu. Et c’est fou le nombre de
malades, possédés, fiévreux, lépreux que Jésus croise. Et l’on n’a pas encore
vu les sourds, les aveugles et les muets, les paralysés, les boiteux, les
épileptiques… On dirait qu’il n’y a que des malades sur terre !
Il faut que tous ces malades deviennent frères. Voilà leur
salut. Voilà le chemin que Jésus a parcouru à toute vitesse, par son petit tour
en Galilée, autour de Capharnaüm, de la maladie à la fraternité, c’est-à-dire à
la vie, à la guérison, à la jouissance de l’existence.
Marc vient de nous présenter le programme. Voilà ce à quoi
nous assisterons si nous lisons les chapitres qui suivent : le chemin qui conduit
de la maladie à la vie, c’est-à-dire à la fraternité. C’est
bien ce qui se passe pour le lépreux d’aujourd’hui. De malade et exclu, il est
réintégré dans la fraternité humaine ; ainsi du commencement de l’évangile de Jésus Christ.
La semaine prochaine, en entrant de nouveau à Capharnaüm, d’autres
rencontres et d’autres aventures…
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