Nous sommes entrés hier dans la semaine de prière pour
l’unité des chrétiens qui s’achèvera samedi prochain, le 25 janvier. Le
mouvement œcuménique n’est pas très vieux, un peu plus d’un siècle et demi, non
d’un enthousiasme général, mais plutôt d’initiatives isolées qui ont longtemps
ressemblé à des coups d’épée dans l’eau.
En ce qui concerne l’Eglise catholique, l’abbé Couturier en
1935 à Lyon puis le Concile Vatican II au début des années soixante marquent
deux étapes dans l’engagement vers l’unité des chrétiens.
Après des siècles de séparation de nos Eglises, nous
constatons que nous ne savons à peu près rien des Orthodoxes et affirmons des
Protestants qu’ils ne croient pas en la sainte Vierge ni en la présence réelle
et qu’ils ne reconnaissent pas le Pape. La polémique catholique antiprotestante
(les trois blancheurs), et inversement, nous tient lieu de connaissance de
l’autre confession. Il est temps de changer de discours, de nous convertir. Ce
serait déjà un pas de géant vers l’unité, quand bien même il n’engagerait pas
nos Eglises institutionnellement. Mais que sont nos Eglises sans chacun de
nous ? L’œcuménisme passe par la connaissance des autres, communautés,
personnes, cultes, vie de disciples et théologie.
Tous les chrétiens récitent le même credo et disent comme
nous dans un instant : Par l’Esprit saint il a pris chair de la
vierge Marie et s’est fait homme. Voilà ce que les Protestants confessent
aussi. Arrêtons de répéter des bêtises. Passe pour notre ignorance, mais il
n’est pas possible de continuer à entretenir la désunion en méprisant la foi
des autres, en la dénaturant.
Pire, si l’on ose
dire. La mauvaise connaissance des autres dénature non seulement leur
foi, mais la nôtre. Une théologie de polémique, de réaction, d’opposition ne
peut exprimer paisiblement, pacifiquement, positivement, ce que nous croyons de
sorte que notre foi ressort elle aussi déformée, tordue. L’urgence de l’unité
des Eglises est une nécessité vitale pour chaque Eglise qui a besoin de pouvoir
exprimer sa foi sans menaces ni peurs.
Paul, comme hier aux Corinthiens, continue de faire la
leçon. Christ est-il divisé ? (1 Co 1,13) Pouvons-nous
continuer à répéter les mêmes erreurs sous prétexte que c’est ce que l’on a
appris, y compris de nos parents, la foi de nos pères ? Si ce que nous
disons, y compris au caté, est erroné, il faut le corriger. Nous n’avons pas à
nous ranger sur un plus petit commun dénominateur. La pluralité des expressions
de la foi est légitime. Mais ce que la polémique a déformé de notre foi doit
être corrigé voire abandonné. Il n’y a pas d’œcuménisme sans conversion. N’y
a-t-il pas urgence à manifester que Christ n’est pas divisé, que Christ est
notre unité ?
Aujourd’hui, l’impossibilité de partager la coupe eucharistique est sans doute ce qui visibilise le plus nos divisions. Notre foi eucharistique est-elle à ce point différente de celle des autres pour que nous ne puissions communier ensemble ? Question bien impossible, si l’on pense que les Eglises ne sont pas divisées en deux mais en plusieurs dizaines de confessions.
Aujourd’hui, l’impossibilité de partager la coupe eucharistique est sans doute ce qui visibilise le plus nos divisions. Notre foi eucharistique est-elle à ce point différente de celle des autres pour que nous ne puissions communier ensemble ? Question bien impossible, si l’on pense que les Eglises ne sont pas divisées en deux mais en plusieurs dizaines de confessions.
Les Protestants, les Protestants historiques. Luthériens,
Réformés, Méthodistes mais aussi Anglicans ont signé un accord, la Concorde de
Leuenberg. On peut lire :
« Dans la Cène, Jésus-Christ, le ressuscité, s'offre
lui-même, en son corps et en son sang donnés pour tous, par la promesse de sa
parole, avec le pain et le vin. Il nous accorde ainsi le pardon des péchés et
nous libère pour une vie nouvelle dans la foi. Il renouvelle notre assurance
d'être membres de son corps. Il nous fortifie pour le service des hommes. En
célébrant la Cène, nous proclamons la mort du Christ par laquelle Dieu a
réconcilié le monde avec lui-même. Nous confessons la présence du Seigneur
ressuscité parmi nous. Dans la joie de la venue du Seigneur auprès de nous,
nous attendons son avènement dans la gloire. […] Dans la Cène, Jésus-Christ le
ressuscité se donne lui-même en son corps et son sang, livrés à la mort pour
tous, par la promesse de sa parole, avec le pain et le vin. De la sorte, il se
donne lui-même sans restriction à tous ceux qui reçoivent le pain et le
vin ; la foi reçoit la cène pour le salut, l'incrédulité la reçoit pour le
jugement. »
Qui d’entre nous ne retrouve pas en ces lignes ce que nous
célébrons ? Qui peut affirmer que ce qui est dit là n’exprime pas aussi la
foi des Catholiques ? Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y aurait plus de
raisons aux divisions (sujet qui reste en débat si l’on arrive à reconnaître
chez les autres d’authentiques et légitimes interprétations de la foi). Il est
vrai que la théologie des ministères demeure pierre d’achoppement, et dans une
moindre mesure certaines pratiques comme celle de la réserve eucharistique et
partant de l’adoration.
Mais telle qu’ils s’expriment ici, il est impossible de
continuer à dire que les Protestants ne croient pas en la présence réelle. Il
faudra alors chercher où exactement réside la différence qui justifierait la
division des Eglises. Il faudra du coup, approfondir notre propre foi.
Ne devons-nous pas nous réjouir de ce que la recherche de l’unité soit occasion de mieux connaître notre foi, de mieux croire ? Ne devons-nous pas reconnaître et nous réjouir de ce que ce qui nous unit et plus important que nos divisions, que le Christ qui nous unit est plus important que nos divisions. Christ est-il divisé ?
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