63 « Que rien ne te trouble
Que rien ne t’effraie
Tout passe.
Dieu ne bouge pas.
La patience vient à bout de tout.
Celui qui a Dieu ne manque de rien
Dieu seul suffit »
Poésies 9
62 « Il vous semble que ceux-ci n’aiment personne ni n’en veulent
rien savoir, sinon de Dieu. Bien au contraire, et avec un amour plus vrai, et avec
plus de passion et d’amour plus bénéfique, enfin, c’est de l’amour. Et de
telles âmes sont toujours attachées à donner beaucoup plus qu’à ne recevoir ;
et elles sont aussi ainsi envers le Créateur lui-même. Je dis que cela mérite
le nom d’amour et que les autres basses affections n’en ont qu’usurper le nom. »
(Chemin Vall, 6, 7)
61 « Le signe le plus sûr, à mon avis, qu’il y ait que nous gardions
ces deux choses [le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain], c’est
de garder bien l’amour du prochain, parce que si nous aimons Dieu, cela ne peut
se savoir (quoiqu’il y ait de grands indices pour comprendre que nous l’aimons),
mais l’amour du prochain, si. Soyez aussi certaines, plus vous aurez progressé
en celui-ci, plus vous le serez dans l’amour de Dieu, parce que l’amour que Sa
Majesté a pour nous est si grand, qu’en retour de l’amour que nous avons pour
le prochain, il fera que croisse celui que nous avons pour Sa Majesté de mille
manières. De cela, je ne peux douter. »
(Demeures V, 3, 8)
60 « Mais hélas, douleur, hélas quelle est ma douleur, mon
Seigneur ! Car lui avait les œuvres et moi seulement des paroles. Je ne
suis bonne à rien de plus. Que vaillent mes désirs, mon Dieu, devant votre
divine observance [de la volonté du Père], ne regardez pas mon peu de mérite.
Que nous méritions tous de vous aimer, Seigneur. Puisqu’il faut vivre, vivons
pour vous, trêve de nos désirs et intérêts. »
Exclamations XV, 3
59 « Quelqu’un me pria un jour de supplier Dieu de lui faire entendre
s’il devait accepter un évêché dans le but de le servir. Le Seigneur me dit
après la communion : « Quand il aura compris en toute vérité et
clarté que la vraie grandeur est de ne rien posséder, il pourra
l’accepter » ; il faisait ainsi comprendre que ceux qui accèdent aux
prélatures doivent être bien éloignés de les désirer et de les vouloir ou du
moins de les rechercher. »
Vie, 40, 16
58 « Ne faites pas comme certaines moniales qui ne font pas si ce
n’est promettre ; comme elles n’accomplissent [leurs vœux], elles disent
qu’au moment de leur profession, elles n’ont pas compris ce qu’elles
promettaient. Je le crois bien, parce qu’il est facile de parler et très
difficile d’agir. Et si elles ont pensé que l’un [agir] n’était pas plus que
l’autre [parler], il est certain qu’elles n’avaient pas compris. »
Chemin, 54, 5
57 « On ne doit pas craindre lorsque l’on marche en vérité devant Sa
Majesté avec une conscience pure. Mais je souhaiterais toutes les craintes pour
ne pas offenser un instant celui qui à l’instant-même peut nous dé-faire. Que
sa Majesté soit content de nous, qui serait contre nous s’en prendrait la tête
à deux mains ! On dira peut-être : quelle est l’âme si droite qu’elle
peut le contenter en tout ? et c’est pourquoi je crains. En tout cas, pas
la mienne, qui est si misérable, sans intérêt et remplie de mille misères. Mais
Dieu ne nous exécute pas comme les gens, qui comprend nos faiblesses. Et l’âme,
par des grandes réflexions, sent en elle si elle l’aime en vérité. »
Vie, 26, 1
56 « Il me laissait toute embrasée dans un grand amour de Dieu. Si
grande était la douleur qu’elle me faisait pousser ces gémissements et si
excessive la douceur que ma causait cette douleur très grande, qu’il ne faut
pas désirer qu’elle s’arrête et que l’âme ne peut se contenter de rien moins que
Dieu. Cette douleur n’est pas corporelle, mais spirituelle ; et pourtant
le corps n’est pas sans y participer un peu, et même beaucoup. C’est un propos
galant si doux qui passe entre l’âme à Dieu, que je suppliai, moi, de sa bonté
qu’elle le donne à goûter à qui penserait que je mens. »
Vie, 29, 13
55 « Elle voit clairement qu’elle n’a rien fait pour attirer cet
amour, mais une étincelle du très grand amour du Seigneur tombée en elle l’a
soudain enflammée et elle brûle tout entière. Oh ! que de fois dans cet
état, me suis-je rappelée le verset de David Comme un cerf assoiffé désire l’eau vive, et ai-je cru le voir
réalisé en moi à la lettre ! »
Vie, 29, 11
54 « Oh, si seulement quelqu’un savait expliquer la nature de cette
sainte compagnie avec le compagnon des âmes, Saint des saints, compagnie où
rien n’entrave la solitude de l’âme avec son Epoux, lorsque cette âme veut
rentrer au-dedans d’elle-même dans ce paradis avec son Dieu et ferme la porte à
toutes les choses du monde ! Comprenez bien qu’il ne s’agit pas ici d’une chose surnaturelle, mais d’une chose que
nous pouvons réaliser avec la grâce de Dieu (je sous-entends cette dernière
chaque fois que, dans ce livre, je dirai « nous pouvons », puisque
sans lui, on ne peut rien, rien). »
Chemin, 49, 3
53 « O Seigneur ! Prends en considération tout ce que le manque
de connaissance nous fait souffrir dans ce chemin spirituel. Le mal vient de ce
que, nous imaginant que toute notre science doit être de penser à toi, nous ne
savons pas interroger les hommes instruits et ne comprenons même pas qu’il soit
nécessaire de le faire. Faute de lumière, nous passons par de terribles
souffrances, et les choses les meilleures nous paraissent de grandes
fautes. »
Demeures IV, 1, 9
52 « Qu’il soit bien établi désormais que tout ce qui nous captive au
point de nous ôter l’usage de notre raison doit nous être suspect et que jamais
par cette voie on n’acquerra la liberté de l’esprit. Un des caractères de cette
liberté est de trouver Dieu en toutes choses et de pouvoir appliquer son
intelligence à n’importe quel objet. Le reste n’est qu’un esclavage de
l’esprit.
[… y compris quand des personnes] comme il arrive souvent, disent et sont
persuadés qu’elles sont toutes plongées dans la divinité, et tellement suspendues
qu’elles ne peuvent résister, ni faire diversion. »
Fondations, 6, 15-16
51 « O mon Dieu, comme c’est beau et merveilleux un feu qui
rafraîchit ! Et oui, un feu qui glace même toutes les affections du monde.
Quand l’eau vive du ciel se joint à ce feu, il n’il y a pas à craindre la
moindre once de chaleur ! »
Chemin, 31, 3
50 « Là où est Dieu, là est le ciel. […] Pensez-vous qu’il importe
peu à une âme qui a tendance à se distraire de comprendre cette vérité et de
savoir qu’elle n’a pas besoin d’aller au ciel pour parler à son Père éternel et
se délecter avec lui ? qu’elle n’a pas besoin non plus de prier en criant
en très fort ? Si bas qu’elle parle, il l’entendra ; elle n’a pas
besoin d’ailes pour aller le chercher. Elle n’a qu’à se mettre dans la solitude,
regarder au-dedans d’elle-même et ne pas s’étonner d’y trouver un si bon
hôte. »
Chemin, 46, 2
49 « O délices, Seigneur de toutes choses créées et mon Dieu !
Jusques à quand attendrai-je votre présence ? Quel remède donnez-vous à
celle qui n’a guère de repos sur terre si ce n’est en vous ? O vie longue,
ô vie pénible, ô vie qu’on ne vit point ! O solitaire solitude !
Qu’elle est sans remède ! Donc quand Seigneur, quand, jusques à
quand ? Que puis-je faire mon bien, que puis-je faire ? Devrais-je
d’aventure désirer de ne point vous désirer ? O mon Dieu et mon créateur,
vous frappez et n’appliquez pas l’onguent, vous blessez et l’on ne voit pas la
plaie, vous tuez et on en est que plus vivant. Enfin, mon Seigneur, le tout
puissant qui fait ce qu’il
veut. Mais mon Dieu, voulez-vous qu’un ver de terre aussi méprisé souffre ces
contrariétés ? »
Exclamations VI
48 « Considérez qu’il est vrai que Dieu se donne lui-même à ceux qui
quittent tout pour lui. Il ne fait pas acception de personne, il aime tout le monde,
nul n’a d’excuse, même le plus misérable, puisqu’il en a usé ainsi avec
moi. »
Vie, 27, 12
47 « Comment pourrait nous arriver un jet d’eau s’il n’avait une provenance
‑ comme je l’ai dit – ainsi il s’entend clairement qu’il y a à
l’intérieur quelqu’un qui lance ces flèches et donne la vie à cette vie, et
qu’il y a un soleil dont procède une grande lumière qu’on envoie aux puissances
de l’intérieur de l’âme. Elle – comme je l’ai dit – elle ne bouge pas
de son centre, ni ne perd la paix, parce que celui-là même qui la donna aux
apôtres quand ils étaient ensemble, il la lui donne à elle. »
Demeures VII, 2, 6
46 « Oh mon Seigneur, que vous êtes bien l’ami véritable. Vous êtes
tout puissant, lorsque vous voulez vous pouvez, et vous ne refusez jamais
d’aimer si on vous aime. Que toutes les choses vous louent, maître du monde. Oh
que je voudrais crier fort pour dire à ce monde combien vous êtes fidèle à vos
amis. »
Vie 25, 17
45 « O mon Jésus, que votre amour pour les enfants des hommes est
grand, puisque le meilleur service que l’on peut vous rendre est de vous
quitter pour l’amour d’eux et pour leur bien. »
Exclamations II
44 « Je ne saurais dire ce que nous laissons du monde, nous qui
disons tout quitter pour Dieu, si nous ne laissons le principal, c’est-à-dire
la famille. […] Dans cette maison, mes filles, ayons grand soin de les
recommander à Dieu, après ce qui a été dit quant à nos devoirs envers son
Eglise, comme c’est raisonnable ; pour le reste, éloignons-les le plus
possible de notre mémoire. »
Chemin, 13, 2-3
43 « Un jour que j’entrais dans l’oratoire, j’y aperçu une statue […]
qu’on avait placée là en attendant. Elle était d’un Christ tout couvert de
plaies et si touchante qu’à la regarder je me sentis profondément bouleversée
parce qu’elle représentait bien ce qu’il endura pour nous. Ce que je ressentis
du mal par lequel je l’avais remercié de ces plaies fut tel que je croyais
sentir mon cœur se briser. […] Je trouvais, moi, qu’étant seul et affligé,
comme une personne dans le besoin, il ne pouvait que m’accepter. J’avais
beaucoup de naïvetés de ce genre. En particulier, j’aimais beaucoup la prière
au jardin. C’était là que je l’accompagnais je pensais à la sueur et à
l’affliction qu’il y avait eues. »
Vie, 9, 1. 4
42 « Quand quelqu’un sera arrivé à la perfection, on lui dira
immédiatement que ce n’est pas nécessaire [d’avoir des amis], qu’il suffit
d’avoir Dieu. Bon moyen pour avoir Dieu, s’entretenir avec ses amis. Il en sort
toujours un grand profit. Je le sais par expérience ; que si, après le Seigneur,
je ne suis pas en enfer, je le dois à de semblables personnes qui toujours ont
eu grand soin de me recommander à Dieu, et ainsi me l’ont obtenu. »
Chemin, 11, 4
41 « Mon amour et ma confiance envers ce Seigneur s’accrurent de tant
le voir, puisque j’avais avec lui de si continuelles conversations. Le Dieu
qu’il est, je vis qu’il est homme, qu’il ne s’étonne pas des faiblesses des
hommes […] Bien qu’il soit Seigneur, je peux le traiter en ami, je comprends
qu’il n’est pas comme ceux que nous prenons ici-bas pour seigneurs qui mettent
toute leur grandeur dans des marques d’autorité postiche. Il y a des heures
pour leur parler et ceux qui leur parlent sont des privilégiés. »
Vie, 37, 5
40 « Je ne sais pas ce que je viendrais à faire si j’étais condamnée
sans raison. Pour l’heure, je me vois si coupable à vos yeux que tout reste
sans issue, même si ceux qui ne savent pas celle que je suis, comme vous le
savez, pensent que j'en rajoute. Ainsi, ô mon Père, c’est gratuitement que vous
devez me pardonner ; votre miséricorde a ici une belle occasion de
s’exercer. Soyez béni vous qui me souffrez si pauvre ; ce que dit votre
fils très saint au nom de tous, telle que je suis, je dois en être exclue. »
Chemin, 63, 2
39 « Sa Majesté nous a déjà accordé une grande faveur en nous
appelant dans cette maison ; le principal est fait ; mais il nous
reste à nous détacher de nous-mêmes. Cette mise à l’écart de notre “moi” est
chose ardue, car nous sommes très unies à nous-mêmes et nous nous aimons
beaucoup. »
Chemin, 14, 2
38 « Je suppliais le Seigneur de me venir en aide. Mais une chose me
manquait sans doute, je crois m’en rendre compte à présent : c’est que je
ne me confiais pas entièrement à sa Majesté et ne me défiais pas absolument de
moi-même. Je cherchais un remède, je prenais des moyens, mais évidemment je ne
comprenais pas encore que tout cela sert de peu quand on ne bannit pas toute
confiance en soi-même ; pour placer totalement sa confiance en
Dieu. »
Vie, 8, 12
37 « Me voici donc là où j’avais coutume de m’isoler dans l’oraison.
Je commence à parler au Seigneur, fort recueillie, dans un style niais, car je
m’adresse souvent à lui sans savoir ce que je dis. C’est l’amour qui parle, et
l’âme est si hors d’elle que je ne vois plus la différence qu’il y a d’elle à
Dieu. A la pensée de l’amour de Sa Majesté pour elle, elle s’oublie, elle croit
être en lui ; comme sa propre chose sans séparation, elle dit des folies.
[…]
Oh, bonté et grande humanité de Dieu, qui ne considère pas les paroles,
mais les désirs et la volonté avec laquelle ils se disent ! Comment
supporte-t-il que quelqu’un comme moi parle si hardiment à Sa Majesté !
Qu’il soit béni à jamais. »
Vie, 34, 8-9
36 « Ici dire n’est pas possible ; comprendre, l’intelligence ne
le peut et les comparaisons ne peuvent servir à expliquer car les choses de la
terre sont bien basses pour une telle fin. Envoyez du ciel, mon Seigneur, la
lumière pour que je puisse en donner quelque peu. » Demeures V, 1, 1
35 « L’empereur du ciel et de la terre viendrait dans ma maison pour m’accorder
une faveur et séjourner avec moi, et, par humilité, je ne voudrais ni lui
répondre, ni rester avec lui ? et je le laisserais tout seul alors qu’il
me prie de lui présenter mes requêtes ? Je croirais me montrer humble en
restant dans ma pauvreté ! […] Ne faites aucun cas, mes filles, de ces
sortes d’humilités : traitez avec lui comme avec un père, un frère, un
homme – choisissez tantôt une manière, tantôt une autre. »
Chemin, 46, 3
34 « Un jour où je me demandais pour quelle raison Notre Seigneur aime
tant cette vertu d’humilité, sans réflexion préalable ce me semble, ceci,
soudain, me parut évident : Dieu est la suprême Vérité, et l’humilité,
c’est d’être dans la vérité ; en voici une fort grande : nous n’avons
de nous-mêmes rien de bon, nous ne sommes que misère, néant ; quiconque ne
comprend pas cela vit dans le mensonge. Plus on le comprend, plus on est
agréable à la suprême Vérité, car on vit en elle. Plaise à Dieu, mes sœurs, de
nous faire la grâce de ne jamais nous écarter de cette connaissance de
nous-mêmes. Amen. »
Demeures VI, 10, 8
33 « Pour me faire comprendre ce qu’est l’union. "Ne crois pas
ma fille, que l’union consiste à être tout près de moi, car ceux qui
m’offensent le sont aussi, même sans le vouloir. Elle ne consiste pas non plus
dans les régals et les délices de l’oraison, même si je les accorde à un très
haut degré ; ce n’est souvent qu’un moyen de gagner les âmes, même si
elles ne vivent pas en grâce." […] Et il me semble à moi, que si l’état
d’union c’est ceci, que notre volonté et notre esprit soient faits un avec
l’esprit de Dieu, il est impossible d’y parvenir sans être en état de
grâce ; on m’a pourtant dit que oui. Il me paraît donc bien difficile de
comprendre quand il y a union, sauf par une grâce particulière de Dieu, car
nous ne pouvons savoir quand nous nous y trouvons. »
Faveurs, 26, 1. 5-6
32 « Que sa Majesté m’aide à appeler repos ce qui est repos, honneur
ce qui est honneur, délices ce qui est délices, et point tout à l’envers. Et la
nique à tous les démons ! Ce sont eux qui auront peur de moi ! Je ne
comprends pas ces peurs : démons ! démons ! lorsque nous pouvons
dire Dieu ! Dieu ! et le faire trembler. »
Vie, 25, 22
31 « Vous me direz que [ces désirs] sont imperfection ; pourquoi
ne se conforme-t-elle pas à la volonté de Dieu puisqu’elle lui est si
soumise ? […] Par chance, sa raison n’est pas maître d’elle-même, ni de
penser à autre chose qu’à ce qui l’obnubile, étant loin de son bien par lequel
elle veut vivre. Elle sent une solitude étonnante ; elle ne trouve aucune
compagnie dans les créatures de la terre – je crois qu’elle n’en
trouverait même pas parmi celles du ciel, puisque ce n’est pas celui qu’elle
aime – ; plutôt, tout la tourmente. […] Elle se voit brûlée par cette
soif, et ne peut arriver à l’eau. Et il ne s’agit pas d’une soif qui puisse se
supporter ; elle en est à un degré tel qu’aucune eau ne peut l’étancher
– et elle ne veut pas qu’il en soit autrement – si ce n’est l’eau
dont parla notre Seigneur à la Samaritaine. Et cela, on ne le lui donne
pas. »
Demeures VI, 11, 5
30 « Je dis "en secret" car le langage de la vérité n’est
plus en usage. Les prédicateurs eux-mêmes arrangent leurs sermons de manière à
ne mécontenter personne. Leur intention est bonne et leurs actes aussi ;
mais enfin, de cette façon peu émondent leur vie. De plus, pourquoi sont-ils si
peu nombreux ceux que les sermons sortent des vices publics ? Vous voulez
savoir ma pensée ? C’est que les prédicateurs ont trop de cervelle !
Ils ne s’en gardent jamais en faveur du grand feu de l’amour divin à la
différence des apôtres ; ainsi cette flamme réchauffe-t-elle peu. »
Vie, 16, 7
29 « Que fera, je le demande, celui qui, durant de longs jours,
n’éprouve que sécheresse, ennui, répugnance ? […] Eh bien, il se réjouira,
il regardera comme une grâce immense de travailler dans le jardin d’un si grand
empereur. […] Il aidera son Seigneur à porter sa croix pensant qu’il vécut
toute sa vie en croix ; il ne cherchera pas ici-bas son royaume ; il
n’abandonnera jamais l’oraison ; il demeurera fermement résolu à ne pas
laisser tomber le Christ sous le poids de sa croix, quand bien même la
sécheresse devrait durer autant que sa vie. »
Vie, 11, 10
28 « Que celui qui n’a pas commencé [la prière personnelle], pour
l’amour du Seigneur, je le supplie, de ne pas passer à côté d’un tel bien. Il
ne s’agit pas ici de craindre mais de désirer. Quand bien même on n’avancerait
pas ni ne ferait d’effort pour être parfait, afin de mériter le plaisir et les
cadeaux que Dieu donne à ceux-là, on gagnera du moins à connaître le chemin du
ciel ; et si l’on persévère, j’espère moi en la miséricorde de Dieu, qu’à
personne qui le prend pour ami il ne le lui rend pas. La prière silencieuse
n’est rien d’autre, ce me semble, qu’une affaire d’amitié, un entretien
fréquent toute seule avec celui dont nous savons qu’il nous aime. »
Vie, 8, 5
27 « Comment mon Dieu ! Cela ne suffit pas que vous me reteniez
dans cette vie misérable, que je le supporte pour l’amour de vous, que je
veuille vivre où tout est embarras pour jouir de vous, où il me faut manger,
dormir, m’occuper d’affaires, voir des gens ? Et tout cela je le supporte
par amour de vous. Vous le savez le bien, mon Seigneur, que ce m’est un grand
tourment et aux moments si petits qu’il me reste pour jouir de vous, vous vous
cachez de moi ! Comment votre miséricorde le souffre-t-elle ? Comment
l’amour que vous avez pour moi peut-il l’endurer ? Je crois moi, Seigneur,
que s’il m’était possible de me cacher de vous comme vous le faites de moi, je
crois, je pense de votre amour pour moi, que vous ne le souffririez pas. Mais
vous êtes, vous, avec moi et me voyez toujours. Ce n’est pas supportable, mon
Seigneur, je vous supplie de considérer que c’est faire injure à qui vous aime
tant. »
Vie, 37, 8
26 « Oh mon fils […], que restent entre nous certaines choses où
Votre Grâce jugera que je passe les bornes ! Nulle raison ne m’empêche de
déraisonner quand le Seigneur me sort de moi-même ; je ne crois pas que ce
soit moi qui parle depuis que j’ai communié ce matin. Il me semble que je rêve
ce que je vois, et je ne voudrais voir que des malades de ce mal que j’éprouve.
J’en supplie Votre Grâce, soyons tous fous, pour l’amour de celui qui fut ainsi
traité pour nous. »
Vie, 16, 6
25 « Je dis bien que les imparfaits ont besoin de plus de courage pour
s’engager sur le chemin de la perfection que pour subir un prompt martyr ;
on n’atteint pas la perfection en peu de temps. »
Vie, 31, 17
24 « Je dois rappeler que la faiblesse naturelle est très frêle, spécialement
chez les femmes, et qu’elle se manifeste davantage dans ce chemin de l’oraison.
Voilà pourquoi nous ne devons pas à chaque petite chose qui nous fait envie,
penser qu’il s’agit de vision. Croyez bien que quand c’en est une, on le
comprend bien. Là où il y a un peu de mélancolie, on doit encore plus être
avisé. J’ai eu connaissance de ces envies dont j’ai été vraiment stupéfaite :
comment est-il possible qu’elles paraissent si véritables au point qu’on voie
ce qu’on ne voit pas. »
Fondations, 8, 6
23 « La science est une grande chose, elle nous instruit, nous qui
savons peu de choses, elle nous éclaire et, parvenus aux vérités des Saintes
Ecritures, nous faisons ce que nous devons : Dieu nous garde des sottes
dévotions ! »
Vie, 13, 16
22 « Il me semble que ce que veut le Seigneur, c’est que de quelque
façon, l’âme ait des nouvelles de ce qui se passe au ciel. Et il me semble à
moi, ainsi qu’on se comprend là-haut sans se parler (ce que bien sûr je n’ai
jamais su jusqu’à ce que le Seigneur dans sa bonté désirât que je le voie et me
le montrât dans un ravissement) qu’il en est de même ici. Dieu et l’âme se
comprennent ; avec pour seul vouloir de sa Majesté qu’elle le comprenne,
sans autre artifice, pour faire connaître l’amour qu’il y a entre ces deux
amis. Comme ici lorsque deux personnes s’aiment beaucoup et ont une bonne
compréhension, sans signe, il semble qu’elles se comprennent seulement en se
regardant. C’est ce qui doit avoir lieu ici, sans que nous voyions, comme on se
regarde fixement entre amants, ainsi que le dit l’époux à l’épouse dans le Cantique (je crois que c’est là que je
l’ai entendu). »
Vie, 27, 10
21 « Pour l’amour de Dieu, mes sœurs, sachons tirer profit de nos
fautes elles-mêmes, pour connaître notre misère, et qu’elles nous donnent une
meilleure vue comme la boue la rendit à l’aveugle qui fut guéri par notre
époux. Et ainsi, nous voyant si imparfaites, que grandisse la supplication vers
lui pour qu’il tire du bien de nos misères, et qu’en tout sa Majesté soit
contentée. »
Demeures VI, 4, 11
20 « Je crois avoir suffisamment expliqué l’importance qu’il y a
– aussi spirituel que l’on soit – à ne pas fuir les choses
corporelles ; il leur paraît que même la très sainte Humanité cause du
tort. Ils allèguent ce que le Seigneur a dit à ses disciples qu’il était bon qu’il s’en aille. Je ne
peux le souffrir. Ce n’est pas pour sa très sainte mère qu’il a dit cela, parce
qu’elle était ferme dans la foi et savait qu’il était Dieu et homme. Et bien
qu’elle l’aimait plus qu’eux ‑ elle avait tant de perfection ‑ [cette
humanité] l’aidait. Les apôtres ne devaient pas être si fermes dans la foi
comme ils le seraient ensuite, et nous avons raison de l’être nous autres
maintenant. Je vous le dis, mes filles, que je tiens pour un chemin dangereux
et que le démon pourrait venir à nous faire perdre la dévotion au saint
sacrement. »
Demeures VI, 7, 14
19 « Ces choses intérieures sont si difficiles à
comprendre, que celui qui sait si peu comme moi, forcément devra dire beaucoup
de choses superflues voire mal ajustées, pour en dire quelqu’une qui s’approche.
Il faudra donc de la patience à celui qui le lira ; il m’en faut bien pour
écrire ce que je ne sais pas. Pour sûr, certaines fois je suis devant le papier,
stupide, qui ne sait que dire ni comment commencer. »
Demeures I, II, 7
18 « Croyez-moi, l’affaire n’est pas de porter ou non un habit
religieux, mais de ne pas manquer de s’exercer aux vertus, de rendre notre
volonté [conforme] à celle de Dieu en tout, que le concert de notre vie soit ce
que sa Majesté ordonne, et que nous, nous ne souhaitions pas que notre volonté
se fasse, mais la sienne. Tant que nous n’en sommes pas là ‑ comme je l’ai
dit ‑ humilité, qui est l’onguent de nos blessures ; parce que si
nous l’avons en vérité [cette humilité], même s’il tarde un moment, il viendra
le chirurgien qui est Dieu, nous soigner. »
Demeures III, 2, 6
17 « Je désirais vivre, comprenant bien que je ne vivais pas mais que
je me battais avec une ombre de mort. Il n’y avait toutefois personne pour me
donner la vie, et je ne pouvais pas la prendre par moi-même. »
Vie, 8, 12
16 « J’en ai connu dont la tête et l’imagination sont si faibles
qu’elles croient voir tout ce qu’elles pensent. C’est fort dangereux. »
Demeures IV, 3, 14
15 « Revenons maintenant à ceux qui désirent boire de cette eau de
vie et veulent cheminer jusqu’à parvenir à la source même ; comment
doivent-ils commencer ? Je le répète : il est important, il est
capital […] qu’ils prennent la détermination absolue de ne pas s’arrêter qu’ils
ne soient arrivés à cette source ; ceci quoiqu’il arrive ou puisse
survenir, quelles que soient les difficultés ou les médisances, que nous
devions arriver au terme ou mourir en chemin, que nous manquions de courage
pour supporter les épreuves de la route ou que le monde s’écroule. »
Chemin, 35, 2
14 « Le Seigneur aime beaucoup que nous évitions la fatigue. Et même
si dans l’espace d’une heure, nous ne disons qu’une fois le Notre Père, que
nous comprenions que nous sommes avec lui, et ce que nous lui demandons, et
l’envie qu’il a de nous donner – enfin, comme un père – et comme il
se complaît à être avec nous, et nous nous régalons de lui. Il n’aime pas que
nous nous cassions la tête. C’est pourquoi, mes sœurs, pour l’amour du
Seigneur, habituez-vous à prier avec un tel recueillement le Notre Père, [en une
heure vous n’en direz peut-être qu’un seul] et vous en verrez l’avantage avant
peu de temps. »
Chemin, 50, 2
13 « Tout ce que je veux dire c’est que nous voyions qui est celui à
qui nous parlons, et que nous demeurions avec lui sans lui tourner le dos (nous
ne faisons pas autre chose quand nous parlons à Dieu et avons l’esprit fixé sur
toutes sortes de vanités). Tout le mal vient du fait que nous ne comprenons pas
vraiment qu’il est prêt de nous, et que nous l’imaginons loin ; et combien
loin si nous allons le chercher au ciel ! […] Le ciel n’est-il pas à
l’intérieur de nous-mêmes, puisque le Seigneur est en nous ? »
Chemin, 50, 1
12 « Nous ne sommes pas des anges, mais nous avons un corps. Vouloir
faire l’ange pendant que nous sommes sur terre (et sur terre autant que je
l’étais), c’est de la folie ; notre pensée doit avoir d’ordinaire un point
d’appui, même si l’âme sort parfois d’elle-même ou si elle est souvent si
pleine de Dieu qu’elle n’a besoin d’aucune chose créée pour se recueillir.
Cet état n’est pas habituel mais, dans les affaires, les persécutions, les
épreuves, lorsque l’on n’est pas dans la paix coutumière, aux heures de
sécheresse, c’est un très bon ami que le Christ, car nous voyons l’Homme en
lui, nous voyons ses faiblesses, ses épreuves, et il nous tient compagnie. […]
Embrassés à la croix, advienne que pourra. »
Vie, 22, 10
11 « Ô Seigneur du ciel et de la terre ! Est-il possible que
même en cette vie mortelle on puisse jouir de vous, dans une amitié si
intime ! […]
Donc, mon Seigneur, je ne vous demande rien d’autre en cette vie, mais que vous me baisiez du baiser de votre
bouche, d’une façon telle que même si je voulais m’éloigner de cette amitié
et de cette union, ma volonté se contraigne toujours, Seigneur de ma vie, à ne
pas échapper à la vôtre ; que rien au monde ne m’empêche de dire :
"Mon Dieu et ma gloire ! en vérité, ton sein est meilleur et plus savoureux que le vin." »
Pensées sur l’amour de Dieu, III
14-15
10 « Voilà, mes filles, les ennemis dont vous devez prier Dieu, oui
prier sans cesse le Seigneur de nous délivrer en lui récitant le Notre
Père ; qu’il ne permette pas que vous succombiez à la tentation et soyez
victimes de l’illusion. […]
Ne pensez pas que le dommage se résume à nous faire croire que les
consolations que [les démons] nous donnent viennent de Dieu ; c’est là le
moindre mal, et bien souvent, il pourra même vous inciter à avancer plus vite
et à consacrer plus de temps à l’oraison.
Là où les démons peuvent nous nuire beaucoup et causer un grand préjudice
aux autres, c’est lorsqu’ils nous font croire que nous avons des vertus qu’en
réalité nous ne possédons pas ; c’est une peste. »
Chemin, 66,
2-4
9 « Croyez-moi, si l’amour de Dieu, ou plutôt ce qui nous semble tel,
excite nos passions de façon à nous faire tomber dans quelque faute, à troubler
la paix de l’âme éprise d’amour ou à nous empêcher d’écouter la raison, il est
clair que nous nous recherchons nous-mêmes. »
Fondations, 6, 21
8 « Etes-vous, mon Seigneur et mon Bien, réduit à une telle extrémité
que vous trouviez bon d’accepter ma pauvre compagnie ? Et je vois, à
l’expression de votre visage, que vous avez oublié vos peines en me voyant près
de vous. Mais comment, Seigneur, est-il possible que les anges vous laissent
seul, et que votre Père ne vous console pas ? S’il en est ainsi, Seigneur,
et si vous voulez souffrir tout cela pour moi, puis-je appeler souffrance tout
ce que je supporte ? de quoi ai-je à me plaindre ? Je me sens toute
honteuse de vous avoir vu dans cet état. Je veux endurer, Seigneur, toutes les
épreuves qui surviendront dans ma vie et les regarder comme un grand bien, pour
vous imiter tant soit peu. Marchons ensemble, Seigneur ! Par où que vous
alliez, il me faut aller. Par où que vous passiez, il me faut passer. »
Chemin, 42, 6
7 « Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de
concepts ou de tirer de votre esprit de hautes et subtiles
considérations : je ne vous demande que de fixer sur lui votre regard. […]
Est-ce donc beaucoup que vous détourniez les yeux de l’âme des choses
extérieures pour les porter quelques fois sur lui ? Songez, comme il le
dit à l’épouse, qu’il n’attend de vous qu’un regard ; vous le trouverez
tel que vous le désirez. Il estime tant ce regard que, de son côté, il ne négligera
rien pour l’avoir »
Chemin, 42, 3
6 « Savez-vous ce qu’est être vraiment spirituels ? Se faire
l’esclave de Dieu ‑ marqués de son empreinte qui est celle de la croix,
parce que déjà ils lui ont donné leur liberté ‑ afin qu’il puisse nous
vendre comme les esclaves de tout le monde, ainsi qu’il l’a été lui-même. […]
Tout cet édifice, je le répète, a pour fondement l’humilité. […] Ainsi, mes
sœurs, pour arriver à un bon fondement, faites-vous la plus petite de toutes et
leur esclave, examinant comment et par quel moyen vous pouvez leur faire
plaisir et les servir. […] Pour cela il ne faut pas poser vos fondations
seulement sur la prière et la contemplation parce que si vous ne cherchez pas à
acquérir les vertus et si vous ne vous y exercez pas, vous demeurerez toujours
des naines. Et encore, plaise à Dieu que ce soit seulement de ne pas grandir,
car vous le savez celui qui ne grandit pas rétrécit : je tiens en effet
pour impossible que l’amour se contente de rester dans l’état où il se
trouve »
Demeures VII, 4, 8-9
5 « Croyez bien que Dieu dérobe l’âme tout entière pour lui-même
comme si elle était sa chose à lui ou son épouse et lui montre quelques
parcelles du royaume qu’il a gagné, lui qui est ce royaume. Pour peu qu’on
voie, c’est toujours beaucoup ce qu’il y a dans ce Dieu grand, et il ne veut
nulle gène de personne, ni des puissances, ni des sens ; au contraire, il
commande qu’on ferme toutes les portes de ces demeures. Et seule celle en
laquelle il réside reste ouverte pour nous rencontrer. Bienheureuse et
abondante miséricorde ! Avec raison ils sont malheureux ceux qui ne
voudraient jouir d’elle et perdraient ce Seigneur. Oh mes sœurs, ce n’est rien
ce que nous quittons, et rien ce que nous faisons ni pourrions faire pour un
Dieu qui ainsi veut se donner à un ver ! »
Demeures VI, 4, 9
4 « Les confesseurs qui ne sont que des demi-théologiens ont fait un
très grand mal à mon âme, car je ne pouvais m’adresser à des théologiens aussi
bons que je l’eusse désiré. J’ai appris par expérience que, s’ils sont vertueux
et de vie sainte, il est préférable que les confesseurs ne soient aucunement
théologiens ; car, se méfiant d’eux-mêmes, ils recourent à ceux qui
possèdent une bonne théologie, et je partage leur méfiance : un bon
théologien ne m’a jamais induite en erreur. »
Vie, 5,3
3 « Je vous donne un conseil : ne pensez pas arriver à cet état [de
sainteté] par vos efforts ou votre habileté, ce serait vain ; au
contraire, si vous avez de la dévotion, vous tomberez dans la froideur. Dites
plutôt, avec simplicité et humilité, car c’est l’humilité qui vient à bout de
tout : Fiat voluntas tuas [Que ta volonté soit faite]. »
Chemin, 56,3
2 « Lorsque vous rencontrez dans la Sainte Ecriture ou dans les
mystères de notre foi des choses que vous ne comprenez pas, ne vous y arrêtez
jamais plus longtemps que je vous l’ai dit, ne soyez pas épouvantées par des
paroles excessives que vous y entendrez sur les rapports de Dieu et de l’âme.
L’amour qu’il a eu et a encore pour nous m’épouvante bien davantage et me fait
perdre la raison sachant ce que nous sommes. Je comprends qu’il ne peut y avoir
d’excès dans les paroles qui manifestent cet amour, puisqu’il nous l’a
manifesté plus encore par ses œuvres. Mais pour l’amour de moi, réfléchissez à
l’amour que Dieu nous a témoigné et vous reconnaîtrez qu’un amour si puissant,
si fort, ne peut s’exprimer que par des paroles étonnantes. »
Pensées sur l’amour de Dieu, I,
7
1 « Mes filles, ne nous décourageons point. Quand l’obéissance nous
imposera des œuvres extérieures, serait ce même à la cuisine, sachez que le
Seigneur est là au milieu des marmites et qu’il nous aide à l’intérieur et à
l’extérieur.
[…] La souveraine perfection ne consiste pas évidemment dans les joies
intérieures, ni dans les grandes extases, ni dans les visions, ni dans les
prophéties. Elle consiste à rendre notre volonté tellement conforme à celle de
Dieu que nous embrassions de tout notre cœur ce que nous croyons qu’il veut, et
que nous acceptions avec la même allégresse ce qui est amer et ce qui est doux
dès que nous comprenons que Sa Majesté le veut »
Fondations,
V, 8. 10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire