Petit exercice de caté ; remettre dans l’ordre les
différents paragraphes de la prière eucharistique numéro 2, la plus utilisée. Sauriez-vous
faire ? N’est-il pas stupéfiants que nombre d’entre nous, pratiquants
réguliers de l’eucharistie, ne sachent pas comment est composée la prière à
laquelle ils participent chaque dimanche, voire plus souvent encore ?
Les prières eucharistiques en usage dans l’Eglise catholique
de rite latin ont quasiment toutes la même structure. Repérer cette structure,
c’est non seulement se donner les moyens de participer à cette prière, mais
encore, de comprendre l’eucharistie.
Il y a d’abord, rien d’extraordinaire, une introduction :
Toi qui es vraiment saint… La prière
s’adresse au Père. Elle demande, c’est le deuxième moment, d’envoyer l’Esprit :
Sanctifie ces offrandes en répandant sur
elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de
Jésus ... Troisième moment, on insère les paroles de Jésus lors de son
dernier repas. Au moment d’être livré, il
prit du pain et le donna aux disciples en disant, ceci est mon corps livré pour
vous. Et pareillement pour la coupe.
Il convient alors de faire un pas de côté pour prendre
conscience de ce que nous venons de faire. A l’émerveillement du président il est grand le mystère de la foi, nous
répondons que nous sommes en train de faire mémoire du Seigneur jusqu’à son
retour. Nous rappelons ta mort, nous
célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. On ne
fait pas tant mémoire du dernier repas de Jésus que de sa vie, sa mort et sa
résurrection. Ou plutôt, faire mémoire du dernier repas, c’est se souvenir de
toute sa vie jusqu’à son retour. Le soir ce la Cène, Jésus prend sa vie en
main, comme il l’a toujours fait, au moins depuis son baptême, et l’offre pour
que tous y aient part.
Ce quatrième moment, l’anamnèse, est souvent chanté. L’assemblée
reprend la parole comme lors de la Comme la préface. Ce n’est en effet pas le
prêtre qui célèbre l’eucharistie, mais l’assemblée, l’Eglise. Les prêtres
disent la prière au nom de l’assemblée, et celle-ci ratifie ce qu’ils disent.
On le verra encore avec l’Amen final.
Le cinquième moment est un nouvel acte de mémoire. Faisant ici mémoire de la mort et de la
résurrection de ton fils, nous te rendons grâce. L’action de grâce,
l’eucharistie, est un mémorial, une mémoire qui rend contemporaines la vie, le
mort et la résurrection de Jésus.
Vient ensuite une nouvelle prière pour que le Père envoie
l’Esprit, non sur le pain et le vin, mais sur l’assemblée. Elle prend part au
corps et au sang du Seigneur, qu’elle soit à son tour le corps du Seigneur.
Suivent trois intercessions pour l’Eglise, pour les défunts,
pour tous les vivants en union avec ceux du ciel, les saints. Souviens-toi Seigneur de ton Eglise… Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont
endormis… Sur nous tous enfin…
Cela nous mène à un dixième et dernier paragraphe, une
louange conclusive, adressée par le fils avec
lui et en lui, au Père tout puissant,
dans l’unité du saint Esprit. Cette louange trinitaire appelle la réponse
de l’assemblée qui ratifie avec son Amen.
Vous avez remarqué. Il y a deux appels (kalein en grec) de l’Esprit, appelés épiclèses, appel sur (epikalein). L’eucharistie est mémoire de
ce que fait Jésus en même temps qu’œuvre de l’Esprit. Et que fait l’Esprit ?
Il fait des corps. Le pain et le vin deviennent corps et sang ; ceux qui
ont part au corps et au sang du Christ
sont rassemblés par l’Esprit Saint en un
seul corps.
Le but de l’eucharistie, ce n’est pas le pain et le vin
consacré. Jésus a donné son corps, sa vie, en vue de, corps livré pour nous. Le but de l’eucharistie, c’est que ceux qui
mangent le corps et le sang du Seigneur deviennent son corps. Le but de
l’eucharistie, ce n’est pas que nous nous extasions devant un si grand mystère.
C’est un acte politique. Ceux qui communient, de fait, construisent un seul
corps, la cité de Dieu, la cité réconciliée, fraternelle. Il n’y a plus ni
pauvres ni riches, ni Juifs ni païens, ni noirs ni blancs, ni esclaves ni hommes
libres, ni hommes ni femmes, ni homos ni hétéros. Le mur de la haine est tombé
(Cf. Ga 3, 28 ; Ep 2 10-22) Il n’y a plus que des frères, tous enfants
d’un même Père, il n’y a que Christ qui
est tout en tous (Col 3, 11).
Je ne sais pas si nous réalisons. Nous communions parce que
nous croyons qu’en Jésus, tous sont frères et que c’est ce que nous voulons,
avec lui, la fraternité. C’est le dessein d’amour du Père que nous attendons et
voulons construire. On comprend pourquoi la messe, l’eucharistie, s’appelle la
communion !
Est-il juste de parler de cœur à cœur intimiste avec Jésus
qui viendrait habiter en nous ? Il y a la prière secrète de notre chambre
pour cela, et encore. Lors du rassemblement dominicale, les communautés
eucharistiques annoncent et réalisent la vocation de la cité humaine, de nos
sociétés : tous frères, un seul corps.
Humblement
nous te demandons, qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons
rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps. (Prière eucharistique n°2)
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