Dieu,
un mot de la langue que tout le monde comprend. Pourtant, il semble que peu s’accordent
sur ce qu’ils entendent par dieu. Vous pouvez répéter des dizaines de fois que
ce mot se traduit, et qu’en Arabe il se dit Allah, Allah demeure pour nombre d’entre
nous le Dieu des musulmans ! Pourtant, les chrétiens arabophones s’adressent
à Allah. On connaît même des pays à majorité musulmane qui interdisent aux
chrétiens de prier Allah !
Dieu,
un mot de la langue que tout le monde comprend. Mais quoi de commun entre le
principe qui explique pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, le principe
qui donne sa rationalité à l’univers et Jésus, le crucifié, scandale pour les
Juifs, folie pour les Nations ?
Dieu,
un mot des chrétiens évidemment, mais dira-t-on que Jésus est Dieu ? Assurément
il est fils de Dieu, répondent nombre d’entre nous. Tout est-il dit ? Nous
célébrons la fête de la Trinité. Ce n’est pas la Trinité qui est un truc abstrait
et compliqué. C’est notre conception de Dieu, fort peu élaborée, qui nous met
dans l’embarras. Dieu, un mot que tous emploient, mais qui en connaît le sens ?
Pour
les disciples de Jésus, la nomination de Dieu se fait à partir de Jésus. Nous
ne sommes pas chrétiens parce que nous sommes nés en Occident. Nous sommes
chrétiens parce que notre compréhension du mot dieu est déterminée par Jésus. Tous,
baptisés depuis l’enfance ou plus récemment, venant du christianisme, de l’athéisme,
de l’indifférence ou d’une autre religion, nous avons changé celui que nous
appelons Dieu selon ce qu’en dit Jésus. Etre chrétien, c’est changer de vie, se
convertir. C’est pareillement ou, autrement dit, changer ce que nous entendons
lorsque nous disons dieu.
Les
textes de ce jour disent de Dieu qu’il est amour, miséricorde (Ex 34, 4-9 ;
Jn 3, 16-18). C’est le nom de Dieu pour nous. Peut-être pas uniquement pour
nous, mais assurément pour nous. Ainsi le dieu du mérite, le dieu de l’exigence
et de la récompense, le dieu de la morale n’est pas notre Dieu. Notre Dieu ne
se donne pas à connaître comme le garant d’un ordre cosmique, rationnel, moral
ou religieux. Il se donne à connaître comme celui qui aime. Dieu a tant aimé le monde…
Parler
d’amour n’est pas affaire de bluette ! Cela renverse nos idées de dieu. Mais
il n’est pas certain que nous en ayons tiré les conséquences, que nous ne
continuions à penser à un autre dieu. Notre Dieu se donne à connaître comme un
Dieu d’alliance. Notre Dieu s’engage avec nous, il nous offre une alliance, une
alliance non pas stratégique pour avoir plus de troupes, mais une alliance
amoureuse. Pure gratuité. Il s’engage lui sans limite, y compris au pardon si
nous devions rompre l’alliance. C’est ainsi qu’il se montre fidèle. Rien ne
pourra le faire revenir en arrière, rien
ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre
Seigneur.
Parler
d’alliance, c’est parler de relation. Accepter l’alliance, c’est entrer en
relation. Si le Dieu de Jésus fait alliance, nouvelle alliance, c’est qu’il est
relation. Cessons de l’imaginer selon le modèle de l’omnipotence, capricieuse
et tyrannique, concurrente. Il est la source qui met en relation parce que,
justement, il est relation.
La
salutation liturgique reprise de la salutation épistolaire de Paul le dit (2 Co
13, 11-13). Non pas une description, mais un souhait qui fait entrer dans l’alliance.
Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour
de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. Ainsi
ouvrons-nous nos célébrations parce que notre assemblée liturgique est
participation à la vie même de Dieu qui nous entraîne dans l’intimité de son
être. Dieu a tant aimé le monde…
Le
Père, le Fils et l’Esprit dont nous nous enveloppons en faisant le signe de la
croix sont ce Dieu, relation, que Jésus annonce pour nous faire entrer en cette
alliance, pour nous donner d’avoir part, par amour, à son amour. Dieu a tant aimé le monde. Prêcher la
Trinité ce n’est pas exposer l’insoutenable de l’un en trois. C’est relayer l’invitation
de Dieu lui-même, c’est relayer l’invitation qu’est Dieu lui-même à tout
partager avec lui parce qu’il nous a tout donné de lui. Dieu a tant aimé le monde…
Avant
de parler de l’unité de la nature et de la trinité des personnes (pourquoi pas
puisqu’on a ainsi essayé de nommer ce Dieu dans l’histoire), il conviendrait de
parler comme Jésus. Dieu a tant aimé le
monde… Le Père et moi nous sommes un. Nous viendrons chez lui [celui qui
écoute ma parole dit Jésus] et nous
ferons chez lui notre demeure. Il viendra l’Esprit de vérité qui vous conduira
vers la vérité tout entière.
Merci père, édifiant mais ça mérite toujours une grande réflexion, c'est typiquement votre style
RépondreSupprimerMerci de votre remarque, mais j'ai une question ? Pouvez-vous me dire en quoi cela demande ou mérite une "grande réflexion" ?
SupprimerLe chemin parcouru par ce texte est simple :
J'ai commencé par regarder un peu le mot dieu tel que nous pensons le comprendre.
Je dis ensuite que, pour un chrétien, ce mot reçoit son sens de Jésus, de ce que Jésus dit. Cela oblige parfois à changer notre regard sur Dieu pour adopter celui de Jésus. Une conversion.
Et que dit Jésus ?
Il dit amour. C'est-à-dire relation. Il n'y a pas d'amour qui ne soit relation, échange entre plusieurs. Pour employer un mot moins abstrait que "relation" et parler comme les Ecritures, on dira "alliance".
Dieu est amour, Dieu est relation, voilà ce que l'on appelle avec le dogme la Trinité. Je ne cherche pas ici à exposer la théologie métaphysique développée aux IV et Vème siècles ; je relève juste pour finir quelques paroles de Jésus transmises par les évangiles : l'unité du Père et du Fils, l'envoi de l'Esprit, l'habitation du Père et du Fils en ceux qui écoutent la parole.
Je ne sais si la réflexion requise mérite d'être si grande... Vous me direz.
Contrariamente a lo que escribe el anónimo que me precede, agradezco mucho que con su blog nos estimule a la reflexión, fundamental en mi opinión para intentar entender, aunque sea de forma aproximada, el mensaje de Jesús y luego difundirlo, como él pidió a sus discípulos en numerosas ocasiones. Y como más adelante, cuando Jesús ya no estaba presente físicamente, nos lo pidió Pedro cuando escribió en su primera carta que diéramos "razón de nuestra esperanza con humildad y respeto". El mensaje de Jesús ha requerido siempre mucha reflexión, desde el s I hasta el XXI. Si no ejercemos esta actividad tan típicamente humana y tan necesaria en todos los campos, ¿cómo podremos convencer a alguien, empezando por nosotros mismos?
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