02/04/2021

Quels récits d'apparition ? (Pâques)

La vigile pascale a épuisé les huit versets que Marc (16, 1-8) consacre au tombeau vide. C’est comme s’il ne restait rien pour aujourd’hui. Marc ne raconte aucune apparition de de Jésus ! La résurrection est tout juste mentionnée dans le message du jeune homme vêtu de blanc. « C’est Jésus le Nazarénien que vous cherchez, le crucifié : il est réveillé, il n’est pas ici. » On pourra, on doit, se demander pourquoi Marc n’en dit pas plus.

Dès la mort de Jésus, un païen, le centurion, avait fait profession de foi : « vraiment cet homme était le Fils de Dieu. » Mieux, « voyant comment Jésus avait expiré », alors qu’il est bien « en face », qu’il voit tout, le centurion confesse la foi.

Pouvait-on finir l’évangile là-dessus ? N’est-ce pas un peu juste ? Marc avait donné à entendre déjà par deux fois, ce type de déclaration, lors du baptême au début de l’évangile, et sur la montagne de la transfiguration, en plein milieu. Le Père alors déclarait son attachement à Jésus et son identité filiale. Qu’un homme prenne le relais du Père, c’est dire que l’amour du Père a été entendu. Point n’est besoin d’en rajouter. Qu’un païen prenne le relais du Père, c’est dire que cet amour parvient aux extrémités de la terre, pour les hommes de toutes langues, races et nations, homme ou femme, esclave ou libre.

Qu’un homme prenne le relais du Père engage d’autres hommes et femmes à prendre en charge l’annonce de l’évangile. Et c’est ce que nous faisons en ce jour. Notre profession de foi n’est pas l’expression d’une opinion ; elle est le réveil de Jésus et son annonce. Quel évangile de Pâques ! Tout y est, la profession de foi, la communauté des disciples, non un centurion mais des centaines, et la compromission à laquelle la profession de foi nous oblige.

La résurrection est à peine dite. Ce n’est pas la faute de l’évangéliste. Les femmes qui font figure des disciples par excellence, évidemment mieux que le centurion païen, mieux que les Douze et autres hommes qui ont tous disparu, ne croient pas l’homme en blanc. Ne craignez pas, leur dit-il, les accueillant devant le tombeau ouvert. L’évangile s’achève ainsi : « Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d'elles-mêmes. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. »

C’est incroyable, c’est le cas de le dire ! La fine fleur des disciples tait l’annonce, est retenue captive des liens de la mort et de la peur, n’est pas encore sortie du tombeau, même si physiquement, elles sortent. Elles sortent, mais fuient comme les Douze. Or il s’agit de sortir pour aller en Galilée. Il s’agit de sortir et de répéter ce qui a été dit, non une parole, mais le réveil. Impossible de dire la résurrection sans y participer soi-même, sans être « ressuscités avec le Christ ».

Jésus n’est pas où on l’attend. Comment les disciples pourraient-ils le trouver, eux qui savent où il est ? Seront-ils les gardiens d’un cadavre qui n’est plus même au tombeau ? La critique de Marc est d’une violence inouïe.

Mais c’est pour ouvrir sur des apparitions qu’il ne pouvait raconter parce qu’elles se déroulent dans l’aujourd’hui de tous les âges du monde. Les apparitions du Ressuscité ne sont pas quelques épisodes exotiques des années trente de notre ère. Le tombeau vide provoque à aller ailleurs. Le Ressuscité n’est pas comme nous l’imaginons. Il est toujours plus grand. (Les femmes ont bien dû finir par parler, comme les autres disciples à leur suite, puisque Marc raconte ce qui s’est passé. Et tout disciple sans doute passe par le précipice et le gouffre avant de confesser la foi. La mort de Jésus atteint évidemment jusqu’à son corps !)

Dans la rencontre avec les autres, désormais des frères et sœurs, se montre le réveil de Jésus. Qu’avons-nous besoin de récits anciens quand chaque jour, la rencontre des frères peut être une rencontre avec le vivant ? D’après Marc, les récits d’apparition du Ressuscité c’est aujourd’hui, ou ce n’est pas. Le tombeau vide nous tourne vers l’aujourd’hui ; c’est là que Dieu est vivant.

 

 

Que ta résurrection, ô Christ, soit renaissance pour l’Eglise. Qu’elle la transfigure en témoin de ta sainteté, au service de la vie de tous, en abondance.

Que ta résurrection, ô Christ, soit espérance pour les habitant de la planète. Que ceux qui traversent une nuit puissent pressentir l’aube nouvelle que tu veux pour tous.

Que ta résurrection, ô Christ, soit la joie de notre communauté. Que nous y puisions l’énergie qui nous fera messager de ton amour pour tous, jusqu’à l’extrême.

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