Ce n’est pas moi qui le dis. Je ne fais que citer un des évêques de France.
Pouvait-on dire plus clairement que l’épiscopat français n’est pas majoritairement François-compatible, mais demeure attaché à un des points les plus discutés de l’ecclésiologie de Benoît XVI, tant comme pape que déjà comme préfet de la Doctrine de la foi ?
Que les décisions de l’assemblée des évêques ne soient pas contraignantes permet certes de tenir ensemble des gens aux vues contradictoires ; cela n’empêche ni les audaces pastorales, rares, ni les politiques communes de retour en arrière ("indietrismo" comme dit François), ni les fuites en avant qui n’ont plus rien d’évangéliques et transforment l’évangélisation en une campagne promotionnelle (Faut que ça marche et qu’on puisse exhiber les parts de marché !). Ce fonctionnement épiscopal, sous prétexte de garder à chaque Eglise particulière son statut propre que les décisions isolées de son évêque exprimeraient, est une manière de décider de ne surtout pas marcher ensemble, de ne surtout pas faire Eglise avec ceux qui ne pensent pas comme moi. C’est un non catégorique à la synodalité. Si les évêques entre eux ne savent pas ou ne veulent pas décider ensemble, sont-ils les pasteurs de l’Ecclesia dont un autre nom est synode ? Si eux ne le font pas, qui pourra exiger qu’il en aille autrement dans les paroisses et autres lieux ecclésiaux. L’archipellisation que les sociologues décrivent pour la société française vaut pour l’Eglise. Comment pourrait-elle être catholique ?
« C’est une
question ecclésiologique : comment conçoit-on le rôle de la conférence des
évêques ? En France, nous insistons sur le fait que chaque diocèse est une
Église pleine et entière. La conférence est pensée comme un lieu de
concertation et pas un lieu de décision. [...] Ce n’est pas le cas dans d’autres
pays européens comme l’Allemagne ou la Belgique où il y a moins de répugnance à
avoir une conférence épiscopale décisionne
lle pour l’ensemble de l’Église du
pays. Nous sommes trop dépendants, [en France] au sujet des conférences
épiscopales, de la compréhension, à mon avis restrictive, qui vient de Jean
Paul II et de Benoit XVI. [...] Donner plus de poids à la Conférence, ce serait
aller vers une communion, pas seulement affective comme on dit, mais effective,
plus contraignante, avec des règles et des procédures, bien sûr. [... Ce que je
dis là n’est pas partagé par la majorité de mes confrères.] Nous craignons de
ne plus être maîtres dans nos diocèses. Certains, bien sûr, font bouger les
choses à l’intérieur de leur diocèse, mais ceci reste trop lié à nos
personnalités, à nos théologies, nos ecclésiologies et cela explique cette
disparité que l’on constate dans notre pays. »
Pascal Wintzer, Entretien avec D. Quinio, 19 05 2023
Primatiale de Lyon, dans le sanctuaire. |
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