29/04/2024

Encore un drôle d'évangile Jn 10,22-33

Cathédrale St Joseph, Guatemala

 Encore un drôle de texte.

« C’était l’hiver ». A quoi sert cette mention ? Si elle est seulement chronologique, on ne voit vraiment pas en quoi cela permet de comprendre le texte ; la scène aurait aussi bien pu se passer en une autre saison. Si le sens en symbolique, comme rien ne permet de déterminer en quel sens, on peut penser à la mort, celle de la nature, au froid, comme d’un cadavre, l’hiver du monde, l’hiver des temps.
A moins que la mention soit un pléonasme. La fête de la Dédicace a toujours lieu en hiver ! Elle est une fête de joie et de lumière, joie de la victoire et de la fidélité jusqu'au nationalisme, lumière qui lutte et résiste contre les ténèbres des longues nuits de la saison, mais encore du mal, de l'invasion, de la persécution, de la destruction.
On trouve une expression semblable « c’était de nuit » en 13, 30 lorsque Judas sort du cénacle après avoir pris la bouchée.
Il faut noter que l’on est juste au milieu de l’évangile, et l’hiver de la mort précède un nouveau printemps, un temps nouveau, inaugurée par le relèvement de Jésus. On vient juste de lire l’allégorie du bon berger. L’hiver, les brebis sont à la bergerie.


Et Jésus, où est-il ? Au temple. Une autre mention sans plus de raison d’être apparente. Jésus va et vient dans le temple, dit la traduction liturgique. Traduire par marcher est un peu faible, il tourne autour, fait le tout, va et vient. Le temple n’est tout de même pas un lieu de promenade ! Faut-il penser qu’il est un cul-de-sac, ou une cour de prison ? Jésus tourne en rond, marche en rond.
Il va falloir qu’il en sorte, parce que le temple, c’est son corps et non cet espace, parce qu’on est au plus fort de la dispute avec les « Juifs » et autres gardiens du temple d'hier et d'aujourd'hui.
 

Et là, encore plus curieux. Jésus affirme qu’il leur a déjà dit qu’il était le Christ. Or nulle part Jésus n’a dit cela. Jean Baptiste a dit ne pas l’être. Beaucoup se sont interrogés et juste après, Marthe le confesse. Mais si Jésus s’est dit Messie ou Christ, chose importante, comment l’évangéliste ne l’aurait-il pas rapporté ?
A moins que sur cette question, on tourne en rond, comme Jésus dans le temple. Cette question mènerait-elle nulle part, comme le temple, cul-de-sac ? Ils ne veulent pas le croire. A quoi bon dire et redire.
A moins que dire Jésus Messie ne passe pas par une déclaration mais par un style de vie, une « œuvre », celle du pasteur, du passeur, des ténèbres à la lumière, de la maladie à la santé, de la mort à la vie, etc.
 

En sortir du temple, du lieu de culte, pour dire Dieu. En sortir des arguties théologiques, des affirmations et explications, pour dire Dieu. Il ne s'agit pas de dire, doctrine, enseignement, vérité. Il s'agit de vie. "pour qu'elles aient la vie, abondante", est-il dit juste avant notre passage, dans ce même chapitre.
Sortir du temple parce que l'amour du Père n'est pas pour un seul peuple, fût-il élu, persécuté, massacré. Il est pour tous. Tous sont frères, et pas seulement ceux qui viennent se réjouir à la lumière de la Ménorah. La résistance des martyrs d'Israël est aussi belle qu'elle frise avec le nationalisme le plus extrémiste. Ce n'est pas ainsi que Jésus comprend la fidélité ni la fraternité. Le temple a déjà été détruit. Il le sera de nouveau : "Détruisez ce temple, en trois jours je le rebâtirai".
 

Dire Dieu ou vivre. Il faut choisir, semble souffler le texte. Et vivre, ce n'est pas s'écarter de Dieu, au contraire. C'est être adjoint à l'unité du Père et du Fils.

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