15/01/2014

A. Birmelé, L'horizon de la grâce. Semaine de prière pour l'unité des chrétiens

La semaine de prière pour l’unité des chrétiens a lieu comme chaque année du 18 au 25 janvier. Pour la préparer ou pour y prendre part, on pourra lire les pages sur les sacrements du dernier livre d’André Birmelé, L’horizon de la grâce, La foi chrétienne, Cerf, Paris 2013.
J’avais acheté le livre du professeur Birmelé, pasteur de l’Eglise luthérienne, en me réjouissant et de son titre et de ce que j’allais y découvrir. Dois-je dire que j’ai été déçu ? Oui, si je précise que je ne m'attendais pas du tout à cela.
Il s’agit en fait d’une synthèse pédagogique, présentation didactique de la foi chrétienne. Je cherchais une recherche plus personnelle, mais je ne peux reprocher à un auteur de ne pas avoir écrit le livre que j’attendais de lui ! Nous voilà en présence d'une véritable vulgarisation, de celles qui méritent le détour.
Dans le genre présentation organique de la foi chrétienne, ce qui fait la richesse principale et originale de ces pages (512 tout de même !), c’est le souci d’un discours œcuménique. Non pas l’exposition d’un plus petit commun dénominateur, mais la richesse d’interprétations, souvent légitimes, d’une même et unique foi. Aussi, le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens convient particulièrement à une petite recension de l’ouvrage.
Après avoir consenti à lire autre chose que ce que je cherchais, après avoir apprécié la composition œcuménique de cet exposé organique de la foi, je demeure un peu déçu tout de même. Mais que ma déception ne décourage pas les lecteurs. Le propos est très positif (descriptif), trop pour moi. Il expose les choses et ne met pas assez en évidence les questions, les problèmes, du moins à mon goût. Il suit le plan d’une apologétique finalement classique où le chapitre sur le Christ n’arrive qu’en cinquième position ! Cela me donne des envies d’écrire à mon tour.
Mais cette déception se retourne en expression d’un compliment. La synthèse, la présentation de la foi est remarquable. C’est bien meilleur que le Catéchisme de l’Eglise Catholique, tout en répondant exactement à son défi : exposer de façon aussi exhaustive et organique que possible la foi des chrétiens. On refait ses classes à passer par les grands lieux de la réflexion théologique à travers les siècles et les confessions.
J’en étais là quand, suite à une rencontre d’aumônerie sur l’œcuménisme, j’ai sauté quelques pages pour lire sans attendre le chapitre 8 sur les sacrements, « Le don de la grâce » (pp. 276-330). L’auteur reconnaît y changer de méthode. Il a plus de mal à faire la description d’un bouquet plein d’harmonie tant les positions des Eglises sur ce sujet sont encore source de divisions. Cela le conduit à mieux dire l’enjeu de la question sacramentaire aujourd’hui, d’expliquer pourquoi se pose telle opinion, à la différence de telle autre ‑ heureusement c’est de moins en moins contre telle autre.
Le chapitre traite de ce qu’est un sacrement, puis du baptême et enfin du repas du Seigneur. Je l’écris parce que vraiment je le pense, ces pages formidables. Elles ne peuvent prétendre, ce qu’elles ne font nullement d’ailleurs, à exposer une théologie de l’eucharistie exhaustive. La perspective œcuménique, à savoir le point sur les controverses ou différences d’approches, commande le contenu, Ces pages ont l’immense avantage ne nous sortir des oppositions stériles et, textes à l’appui, montrent comment les Eglises ont dépassé, en leur sein, ou dans le débat entre elles, les prétendues divisions qui les opposaient (les Protestants ne croient pas en la Présence réelle ; pour les Catholique, la messe est l’offrande d’un sacrifice, etc.). Ce chapitre permettra à nombre d’entre nous de mieux comprendre la foi de sa propre confession et de découvrir, en découvrant, la richesse des autres confessions. Il serait coupable, avec ces quelques pages, de continuer à stigmatiser la position de l'autre, à l'enfermer dans ce que l'autre ne dit pas, alors que la clarté de l'exposition permet à tous un pas de géant sur le chemin de l'unité. Cette dernière en effet commence par la connaissance de sa propre tradition, de la tradition de l'autre et de l'histoire des traditions. Le travail que chacun pourrait faire à réviser ce qu'il pense, ce qu'il confesse avec son Eglise et ce que pensent les autres confessions serait un pas considérable vers l'unité. Qu'attendons-nous ?

Contrairement à ce que dit l’auteur, ces pages présentent une étonnante convergence des théologies et méritent le détour, et même l’achat du bouquin entier même si ce n’est pour n’en lire qu’un dixième, ces cinquante pages. Merci M. Birmelé.



1 commentaire:

  1. dominique bargiarelli15/1/14 19:40

    Certainement très intéressant,mais 512 pages est-ce à la portée du commun des mortels que je suis???

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