Ces quelques pages (Mt 26-27), finalement très courtes,
demeurent, pas leur sobriété même d’une force émouvante incroyable. Peut-être
davantage encore si on les écoute en entrant dans la pensée de Jésus, un homme
sans prescience spéciale, un homme semblable à nous en toutes choses.
Voilà une année et demie, peut-être trois, que Jésus a
commencé à prêcher. Il s’est lancé parce que ce qu’il vit avec le Dieu de l’Alliance,
le Dieu de ses pères, l’oblige à prendre la parole, à s’engager pour soulager la
souffrance, à luter contre le mal. Savait-il ce qu’il faisait ? Sans doute
non. Du moins ne savait-il pas jusqu’où cela le mènerait.
L’annonce de la parole, la rencontre des gens, la vie avec
les disciples, les longues heures de prière ; tout cela, peu à peu,
interdit de faire machine arrière. Il devient très vite impossible de renoncer parce
que cela serait trahison du Père et des frères, de l’Alliance entre Dieu et les
hommes.
C’est la fin, c’est évident, d’une minute à l’autre. La
trahison des uns et des autres est inexorable. Judas, Pierre… La décision est
prise de l’arrêter et il n’échappera pas au filet. Tout est écrit, comme depuis
le début. Depuis tant d’années, les Ecritures dessinent sa vie. Il lui a fallu
une bonne trentaine d’années pour s’en apercevoir et s’en convaincre. Alors le
psaume une fois encore indique le chemin. « On me voit descendre à la
fosse. Je suis un homme fini. Ma place est parmi les morts, avec ceux que l’on
a tués, enterrés, ceux dont tu n’as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de
ta main. Tu m’as mis au plus profond de la fosse, en des lieux engloutis,
ténébreux. Tu éloignes de moi amis et familiers ; ma compagne, c’est la
ténèbre. »
Comment permettre aux disciples de revenir de la disparition ?
Comment demeurer présent après la mort ? Comme si souvent, le repas
partagé construira la fraternité, le plaisir de se retrouver, le réconfort. Il
se donne à manger. C’est osé. C’est cependant ce qu’il a fait durant ces
années. Les Ecritures avaient prévenu qu’il était d’autres nourritures que le
pain, mais aussi que rien ne rassasie autant que le pain, même un pain de misère, rien ne réjouit le cœur de
l’homme comme le vin, celui de la fête.
Un
sacrifice ? Pourquoi parler ainsi ? Jésus n’en a jamais offert !
Un don de soi parce qu’il n’y a pas d’amour
plus grand que de donner sa vie pour ses amis. Une parole répandue comme la
manne. Qu’est-ce qu’il dit ? C’est quoi ? Man hou ? Etre au
service de tous, pour restaurer, pour guérir, rendre la vie, comme un vin de
fête, bon, le meilleur, gardé pour la fin, versé pour la multitude. Seulement
le don de soi jusqu’au bout. Jésus,
sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son père, comme il
avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême.
L’amour jusqu’à l’extrême.
Jésus, un homme sans préscience dites-vous?Mais alors comment interpréter toutes les phrases qu'il a, selon les évangélistes ?prononcèes annonçant sa passion et sa résurrection?
RépondreSupprimerlà j'ai bien du mal à vous suivre.
Monsieur,
Supprimerrelisez notre échange à propos du livre de Schwager. Et vous ne vous étonnerez pas de ne pas me suivre.
Effectivement, je "coince" au même endroit.
RépondreSupprimer