« Au
cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas
quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. »
(Ac 1, 1-11)
Au
cours, d’un repas. Ce n’est pas un hasard. Tout ce qui est important dans la
vie de Jésus se passe au cours d’un repas, jusqu’à la caricature de repas, cette
éponge imbibée de vinaigre qu’on lui fait boire sur la croix, alors qu’il vient
de crier sa soif. Sa nourriture est de faire la volonté du Père. Ce n’est pas
de vin et encore moins de vinaigre que ce prétendu glouton a soif, mais de Dieu
et d’amour fraternel ; c’est la même chose d’ailleurs, Dieu et l’amour.
Dieu est amour. Et Jésus crie : « J’ai soif » de cet amour entre
tous qu’est Dieu.
Si
l’on pouvait donner un conseil de lecture pour l’été qui vaille pour tous,
enfants et adultes, ce serait de lire in extenso un évangile, en repérant les
repas de Jésus. Les plus grands pourront lire les quatre évangiles, ce n’est
pas très long, à peine cent pages. Repérer les repas de Jésus, le nombre de
fois où Jésus partage un repas. C’est incroyable, il n’arrête pas de manger (ou
de jeûner). On le traite même de glouton.
Communier
comme nous le faisons chaque dimanche, avoir part au festin des noces de l’agneau,
au banquet pascal, c’est donc à coup sûr, participer à un événement important de
la vie de Jésus. En communiant pour la première fois, ce n’est pas tant d’un
moment important de votre vie qu’il s’agit, mais d’un moment important de sa
vie à lui auquel vous êtes invités.
Et
être associés aux moments importants de la vie de Jésus, c’est une affaire de
vie et de mort. J’avoue que je suis scandalisé par la débauche festive d’une
première communion. Ce n’est pas le moment de se faire beau ni de se distraire
dans la fête. C’est une affaire de vie et de mort. Nous devrions le savoir
puisque nous le répétons à chaque eucharistie ; « Faisant ici mémoire
de la mort et de la résurrection de ton fils… »
Ainsi
donc, communier c’est être associés au cœur de la vie de Jésus et donc au cœur de
la vie des hommes, puisqu’il est impossible de séparer Jésus de l’humanité tout
entière dont il veut faire une fraternité, un peuple de frères.
Souvent,
l’on demande, mais qui prouve que c’est vrai ? J’ai répondu mercredi à
Emilie, en CM2, que rien ne le prouve, que si on pouvait le prouver il ne s’agirait
plus de le croire, de faire confiance. Nous croyons qu’en mangeant ce corps et
en buvant cette coupe, nous proclamons la mort de Jésus jusqu’à ce qu’il
revienne, nous croyons que nous communions aux moments importants de sa vie.
Et
en célébrant l’ascension de Jésus, l’absence de Jésus de ce monde, après sa
mort et sa résurrection, nous sommes obligés de faire confiance. Il n’est plus
là pour qu’on le voie, qu’on le touche. Il a juste laissé comme signe de sa
présence un repas. Ce n’est pas beaucoup et ce n’est guère univoque, car des
repas, on en prend un paquet !
Mais
voilà, quand le repas est fraternité, quand le repas est fraternité au nom de
Jésus, c’est l’eucharistie. « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que
nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. »
L’absence de Jésus nous oblige à vivre en frère, à partager un même pain, pour
que l’on fasse mémoire de l’amour infini de notre Dieu. L’absence de Jésus nous
engage à nous retrouver pour partager le pain, pour que l’on se souvienne de ce
qu’un Dieu a aimé l’humanité jusqu’à se donner tout entier à elle :
Prenez, mangez, prenez, buvez, c’est mon corps pour vous, c’est moi pour vous.
Que
ceux qui trouvent que je manque de sens du sacré devant le très saint sacrement
se rassurent. Ce n’est pas le repas des « potes à Jésus » ! C’est
l’Esprit qui nous donne et de nous rassembler, et de manger du même pain en
frères, et de nous rappeler tout ce que Jésus nous a dit. Envoie ton Esprit sur
ce pain et ce vin pour qu’ils deviennent le corps et le sang de ton fils et que
nous soyons rassemblés par l’Esprit saint en un seul corps.
Ce
n’est pas pour nous que nous communions, je veux dire chacun pour soi, pour que
Jésus vienne habiter en chacun. Cela ne s’appellerait pas communion ! C’est
pour l’humanité tout entière, et donc aussi pour nous membre de cette humanité.
Nous communions pour que l’on n’oublie jamais que Jésus nous a aimés. C’est
autour des repas que se passent les choses importantes de la vie de Jésus. Nous
comptons les uns sur les autres, dimanche après dimanche, pour nous rappeler et
rappeler au monde, par notre communion à l’autel, que Dieu nous aime
infiniment.
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