Le 4ème dimanche de Pâques est habituellement
journée de prière pour les vocations. L’évangile est tiré du chapitre 10 de
Jean, Jésus est le beau, le bon et unique pasteur. Déjà Ezéchiel annonçait que Dieu
congédie ceux qui prétendent conduire le peuple. Ils ne cherchent que leurs
intérêts et détruisent le troupeau. En ce jour d’élection présidentielle, nous
pouvons constater que la critique des politiques n’est pas d’hier ! Constatant
leur incurie, Dieu décide d’être lui-même le berger, celui qui prend soin de
son peuple.
Jésus se dit berger, le beau berger ; il affirme ainsi
non seulement qu’il veut le bien des hommes, mais aussi qu’il assume le rôle de
Dieu même, pasteur de son peuple. Pour dire qui est Jésus, il faut dire sa
mission. Il est l’homme pour nous. « Il appelle chacun par son nom. »
Ezéchiel 34 comme Jean 10 sont une critique de tous les
pouvoirs, religieux ou politiques notamment, de tous ceux qui prétendent présider
à la destinée des autres. Les Ecritures rayent d’un coup de plume tous les
clergés, aréopages de spécialistes souvent autoproclamés (même s’il y a des
élections), qui confisquent pour eux ce qui revient à tous, qui détournent à
leur profit ce dont ils sont censés veiller à la juste répartition, mercenaires
et voleurs, qui entrent par effraction dans la bergerie.
Difficile dès lors de trouver un politique ou pasteur
chrétien, puisque par définition, les pasteurs autres que Dieu ne sont que des
voleurs et des bandits. Et pourtant, il faut bien gouverner les nations et les
Eglises…
A notre baptême, nous avons été configurés au Christ,
prêtre, prophète et roi. Comme rois, nous recevons la charge de la conduite des
affaires de ce monde ; comme prophètes, nous avons la responsabilité de faire
entendre sa parole ; comme prêtres, nous devons présenter à Dieu l’humanité
tout entière.
La condamnation des mauvais pasteurs, qui conduisent l’économie,
la politique, la religion, passe non par l’absence de gouvernants ou d’évêques,
impossible, mais par la responsabilité de tous. Et nous chrétiens, serions le
ferment dans les sociétés de ce que chaque homme est appelé à gouverner les
affaires du monde, annoncer une parole de la vérité et de liberté, et rendre
grâce à l’unique pasteur, par l’appel qu’il adresse précisément à chacun :
« Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait
sortir. »
Le
baptême confère à tous une égale dignité, et annonce que telle est la destinée
de tout homme en ce monde, dans les sociétés et dans l’Eglise. C’est
révolutionnaire ! « Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez
revêtu le Christ : il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme
libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le
Christ Jésus. »
Notre
baptême nous engage en ce monde, dans l’Eglise, puisque l’unique pasteur, nous
appelle chacun par notre nom. Nous sommes appelés pour être prêtre, prophète et
roi. Nous sommes appelés pour être envoyés, faire sortir le monde vers la
libération et la vie comme le peuple sortit d’Egypte.
Il n’y a
pas à attendre de voix particulière qui commanderait que l’on entre au
séminaire ou soit religieux. L’appel a déjà retenti depuis la mort et la
résurrection de Jésus, et nous, ses disciples, sommes prophètes à indiquer qu’« il
appelle chacun par son nom ». Il n’y a rien de surnaturel dans la
vocation, rien d’extraordinaire. Il y a la préoccupation incroyable de l’unique
pasteur pour son peuple où « il appelle chacun par son nom ».
N’attendons
pas d’autre signe du ciel que l’appel de Jésus dont l’Eglise s’est fait l’écho à
notre baptême pour entendre notre vocation. Alors, et chaque jour, « il
appelle chacun par son nom ». Répondre à sa vocation, c’est, dès lors,
vivre en baptisé, tâcher de donner à sa vie la forme d’une réponse. Comment
notre vie est-elle réponse à l’amour du berger qui « appelle chacun par
son nom » ?
Puisque
c’est jour d’élection, puisque chacun est gardien de son frère, berger, il faut
bien se mouiller et honorer notre vocation notamment royale, il faut bien s’engager
politiquement et selon l’évangile. A lors,
voilà qui ne sera pas une consigne de vote, parce que chacun est assez grand et
que l’on vote librement, voilà ce qui sera ma manière de répondre à ma vocation
devant et pour vous, devant et pour Dieu : « On t’a fait savoir,
homme, ce qui est bon, ce que le Seigneur réclame de toi : pratiquer la
justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec ton Dieu. » (Mi
6, 8)
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