C’est parti pour un nouvel Avent. Mais que l’on ne s’y trompe, l’aventure de la foi ne se recommence pas comme une année scolaire ou pastorale, une vendange ou la énième édition d’un festival.
Beaucoup de catéchistes tiennent à insister sur le déroulement de l’année liturgique. Certes il est important de se repérer un peu, de savoir un minimum de choses sur ce qui règle la vie de la communauté chrétienne. Mais tout de même, on s’en moque un peu de l’année liturgique, non ? Il y a plus urgent, plus important : en quoi et comment Jésus, l’apôtre du Père, peut-il changer nos vies, les modeler selon l’amour de ce Père, jour après jour. Tout ce que nous apprenons ou savons de la culture chrétienne n’est d’aucune importance eu égard à l’enjeu d’une vie de « serviteurs à cause de Jésus ». Notre boulot de catéchistes, c’est cela.
C’est parti pour un nouvel Avent. Nous n’allons pas nous préparer à la naissance du Sauveur. Ça, c’est fait depuis plus de 2000 ans. C’est un peu tard pour s’y préparer ! Nous pouvons préparer Noël, parce qu’une fête, cela se prépare. Si vous omettez de faire des courses, le repas n’aura rien de festif, juste quelques conserves sorties au dernier moment pour pallier votre insouciance. Si vous ne prévoyez pas de cadeaux, non seulement vous aurez droit à la soupe à la grimace, mais vous serez fort gênés à recevoir ceux qu’on vous offrira.
Mais, qu’est-ce que préparer une fête de la foi ? Comment se prépare-t-on à Noël ? Depuis que l’Avent existe ‑ pas avant le 6ème siècle – c’est un temps de conversion. Pour célébrer une fête du Seigneur, il n’y a qu’une préparation, la conversion, le renouvellement du cœur. Et ce ne peut l’affaire de quelques trucs à faire ou à refaire. La conversion est la forme ordinaire de notre quête du Seigneur. Il ne s’agit pas d’augmenter la prière comme si la prière était un truc qu’on peut augmenter. Il ne faut pas confondre plus et mieux, comme dans la société de consommation. Il ne s’agit pas d’augmenter la charité, l’aumône ou le temps de jeûne, pour les mêmes raisons.
Il s’agit de poursuivre la route du dépouillement et du service, lorsque l’on apprend à ne plus mener sa vie soi-même mais à la laisser mener par un autre, en l’occurrence Jésus. Persévérer dans le modelage de notre pensée, nos paroles, nos actes selon ce que nous voyons Jésus faire dans l’Evangile. Se remuer en vue de la conversion alors qu’on ne fait que s’agiter en rites est tromperie. A vivre comme Jésus a vécu, quand bien même nous ne confesserions pas la foi, c’est déjà ça d’hospitalité, comme une tente plantée parmi nous.
C’est parti pour un nouvel Avent. Puisque Jésus est déjà venu, ce n’est pas sa naissance que nous attendons, mais son retour dans la gloire. Le vocabulaire est mythologique ; ce ne sont plus nos manières de penser. Essayons de parvenir à une seconde naïveté, une nouveauté, celle d’une venue, passée au crible de la critique. Nos préventions contre le mythe sont aujourd’hui la condition pour entendre ce qui s’y raconte.
Son retour, c’est la fin des temps. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Cette fin n’est pas un avenir à ce point lointain qu’elle en est incertaine. La fin, c’est maintenant. Nous le lirons le jour de Noël : « à la fin, en ces jours où nous sommes, Dieu nous a parlé par son Fils ».
Attendre, veiller pour attendre. Désirer et se tenir éveillé. C’est notre tâche, ce vers quoi nous sommes tendus, car Jésus vient à notre rencontre. Vous imaginez le rater ? L’Avent est un cours accéléré pour passer du vieux monde, celui de la vie sans Dieu, à l’absolue nouveauté, ce que l’on appelle la vie éternelle, la vie avec Dieu… ici et maintenant.
Malheur à qui attend la vie éternelle après la mort. « Dieu est à l’œuvre en cet âge, ces temps sont les derniers. » L’Avent nous apprend à percevoir notre temps comme le temps de Dieu, temps de l’amour. Cela ne saute pas aux yeux ? C’est pour cela que l’on veille. Nos vies, à cause de Jésus, nous les voulons de charité, comme Jésus. Ainsi devine-t-on, même si peu, désire-t-on contre tout réalisme, la vie-à-jamais. N’allons pas la rater !
Dieu prononce un non sans faille au mal, un oui à la vie, parce qu’il nous veut comme lui, vivants. Le jugement dernier fait la vérité ; cela signifie que Dieu peut enfin être reconnu pour ce qu’il est (Rm 14, 11-12) « Le monde ancien s’en est allé. » Le monde est déjà jugé. Verdict : Dieu a tant aimé le monde.
Préparons l'eveil
RépondreSupprimerJe me tue à dire qu'il n'y a rien à préparer !
RépondreSupprimerJ'en ai assez de la catéchèse indigente avec un verbe par dimanche, veiller, prier, se réjouir, et je ne sais quoi. Stop à cette sauce. Notre prédication n'intéresse personne. Et je soupçonne que nous la fassions niaise pour que cela ne change rien en nos propres vies.
Si c'est la conversion dont on parle, elle est autant d'actualité pour l'avent que le reste du temps.
L'éveil, c'est de reconnaître hic et nunc la vie avec Dieu, ce que l'on appelle la vie éternelle. Le vie éternelle après la mort n'a de sens que si elle est déjà ce dont il s'agit aujourd'hui pour les disciples. Sans quoi, elle est un arrière monde, tant et justement dénoncé par Nietzsche.