12/11/2022

La tendresse. Maurice Bellet

Extraits de L'explosion de la religion, Bayard, Paris pp. 76-81

L'homme et la femme sont faits pour aimer ou, plus justement, c'est d'être en l'amour qui leur donne d'être. [...]
Le lieu de la tendresse est ce jardin où se tient le plus grand respect de toute vie en même temps que la main de l'homme y a mis cet ordre où il trouve sa paix et sa joie. C'est amour réciproque. [...]
Sur ce chemin où nous sommes la solitude est mortelle car elle atteint l'être humain au principe de son être. La solitude,  bien sûr est possible ou souhaitable quand en amont ce tient ce juste rapport ; mais s'il manque, quel malheur ! On le voit par ces enfants qui n'ont pas eu un peu au moins de cet amour-là : ils entrent en cette détresse qui les fait amis de la mort.
L'enfant, certes, est d'abord au moment de recevoir. Mais bien recevoir, c'est devenir celui qui donne et entre ainsi dans cette communication des vivants. [...]
La tendresse partagée devient et demeure cet espace où l'être humain n'est pas d'abord pris dans les réseaux infinis de la violence - de ce qui tue jusque dans la vie elle-même.
Pour que le jardin ne soit pas détruit par les bêtes sauvages, il faut veiller. [...]
C'est sur fond de l'inaltérable, de l'invincible volonté que soit sauf et que soit vif le lien de liberté qui fait de deux ou plusieurs l'intimité bienheureuse où, bien qu'ils soient mortels, les humains n'ont plus le goût de mort.
Bien sûr, c'est particulièrement vif dans le couple [...] mais c'est vrai en amitié. [...]
On peut juger interdite et même impossible une relation d'amour qui se tient en dehors des formes établies,  mais qui correspond entre ceux qui s'aiment à un don très précieux en cette région primordiale où l'enjeu est d'exister. Ils se donnent l'un à l'autre la primitive assurance, qui guérit leur corps et leur âme de ce vertige de destruction où tout se défait et où l'éthique est impuissante.

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