09/11/2022

Dies irae, dies illa (Dédicace du Latran, 9 novembre 2022)

C’est fête, nous fêtons la dédicace de la cathédrale de l’évêque de Rome. La liturgie impose que nous chantions Gloire à Dieu. « Nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : "Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion". Comment chanterions-nous un chant du Seigneur ? »

« Voyez votre misère, prenez le deuil, pleurez. Que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. » Il est plus urgent de relire la lettre de Jacques (4, 9) que de se livrer à la louange de l’institution épiscopale.

Dies irae, dies illa.

Je suis désolé si je choque avec ces propos. Mais je n’en peux plus. « Non possumus ! » Expression ecclésiastique de refus motivé pour des raisons de foi.

Nous sommes abasourdis par le communiqué de Jean-Pierre Ricard rendu public le 7 novembre par Eric de Moulins-Beaufort. Nous imaginons le coup de massue pour l’assemblée de Lourdes et nous nous sentons proches des évêques. Mais ce matin, il est avéré qu’Eric de Moulins-Beaufort est au courant depuis février au moins, tout comme Jean-Philippe Nault, lequel n’a signalé les faits au procureur que le 24 octobre, neuf mois plus tard. Jean-Marc Aveline est aussi au courant, je ne sais depuis quand. Hans Zollner commente laconiquement : « Un grand pas en avant, même s’il arrive bien tardivement. »

Ils savent et n’ont rien dit. C’est normal, ils vérifient les sources. C’est normal, il faut avaler le coup. Mais Jean-Pierre Ricard reconnaît les faits chaque fois. Le doute n’est pas permis.

Le discours de clôture de l’assemblée plénière, hier, se fait humble. Il redit ce que nous n’avons cessé de croire ‑ faut pas nous prendre pour des débiles ‑ que la sainteté de l’Eglise est celle de Dieu et non la nôtre, ni celle bien sûr des évêques, qui sont des nôtres. Je le crois. L’évangile engage à cela, parce que le chemin de Dieu est celui des frères et sœurs, et réciproquement. Il n’en a pas d’autre.

La lecture de la lettre de Ricard est une sordide mise en scène qui n’aura trompé que deux jours. Rouler ainsi dans la farine le saint peuple de Dieu, de la part d’évêques de surcroît, c’est sacrilège, car ce peuple est le lieu que Dieu a choisi pour demeure. Le sacrilège est puni d’excommunication. On ne rigole pas avec ces choses-là. Les fautes de Michel Santier et Jean-Pierre Ricard en deviennent secondes, d’autant que la prescription, que je pense légitime, joue vraisemblablement ; c’est dire. Non possumus !

Pour moi du moins, la confiance déjà bien abimée par Philippe Barbarin et quelques autres, est rompue. Je peux raconter non pas les péchés ou les erreurs, mais la perversion, le mensonge, la dissimulation, le harcèlement de ces messieurs. Je ne sais où cela me mènera. Comment célébrer la dédicace d’une cathédrale, église de l’évêque ?

Ce qui nous retiens aujourd’hui, que nous prononcions ou pas le non possumus, c’est que la parole de l’envoyé du seul Saint continue de faire vivre, et nous, et d’autres. C’est que porter cette parole, malgré notre faute à nous aussi, et nous la connaissons, est, par-dessus toutes les autres, notre raison de vivre. Nous savons que la rencontre des frères et sœurs, au nom de Jésus, le plus souvent incognito comme Jésus lui-même, est le sang que nous cherchons à faire couler toujours plus en nos veines par la force de l’altissimi donum Dei.

Relisons notre première lecture : « Que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction. La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ. Ne save[nt-ils] pas que [nous sommes] un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en [n]ous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. » (1 Co 3, 11. 16-17)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire