20/12/2023

La bénédiction des homosexuels

 

Si l’homosexualité est un péché, comme disent certains, alors, ceux dont c’est l’orientation sexuelle sont bienheureux. Ils sont bénis.

« Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : "Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux !" » Lc 15, 1-2 (On notera l’exagération. TOUS les pécheurs viennent à Jésus ! On relira les trois paraboles qui font suite. On relira tout le chapitre parce qu’on ne fait pas de la théologie en citant un bout de verset hors contexte.)

« Comme Jésus était à table à la maison [de Matthieu], voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : "Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?" » Mt 9, 10-11 (On relira tout le chapitre.)

« En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : "Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse." Jésus, prenant la parole, lui dit : "Simon, j’ai quelque chose à te dire." » Lc 7, 39-40 (Là encore, on relira tout le chapitre. Il arrive qu’on explique le fait que le Centurion du début du chapitre n’ose pas rencontrer Jésus par le fait qu’il vivrait une relation sexuelle avec celui que le texte désigne comme son esclave et que lui appelle son enfant, son petit, non pas l’engendré, mais le membre de la maisonnée.)

Jésus mange avec les publicains et les pécheurs, partage leur pain. N’est-ce pas la bénédiction suprême, que le Maître demeure dans leur proximité, ne les fuie pas, partage la même table, hospitalité ? Qui pourrait refuser de bénir lorsque le Maître lui-même s’y emploie ?

Il mange aussi avec les Pharisiens, mais à eux, il fait un discours pour les remettre en place. Heureux sont ces derniers, s’ils ne s’en offusquent pas et continuent à recevoir Jésus à leur table.

Et ceux qui diraient que la bénédiction est conditionnée au repentir « Va et désormais ne pèche plus », qu’ils lisent bien. Il y a d’abord la bénédiction puis l’exhortation à changer de vie. Tant que la bénédiction n’est pas accordée, comment changerait-on de vie ? Et de toute façon, la bénédiction est gratuite, sans condition, grâce. Dieu se tient inconditionnellement aux cotés des pécheurs, jusqu'à descendre aux enfers. « Dieu l’a fait péché pour nous. » 2 Co 5, 21

Pourquoi donc les pharisiens attaquent-ils Jésus ? Seraient-ils jaloux (l’envie est un péché capital !) ? Tous, pécheurs, ont la chance de partager la table du Maître. « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Jn 7, 8

Ceux que la Synagogue et la société rejettent sont ceux que Jésus rejoint en priorité. Cette subversion sociale et religieuse qui institue une fraternité plus vaste, tente déployée, cordages allongés comme dit Isaïe, efface les classes, les castes, « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme   car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » (Ga 3,28) Cette subversion est sans doute la cause principale du rejet et de la condamnation de Jésus. L’interprétation des Ecritures qu’il propose offre un Dieu qui ne fait pas acception des personnes, qui détruit les murs de la haine et renverse l’organisation sociale qu’ils structurent.

Aujourd’hui, l’homosexualité dans le discours de certains représente l’autre inassimilable, inadmissible, im-monde. Elle est le chiffre, un des chiffres, du mur de la haine. L’accepter reviendrait à ébranler les différences structurantes de la société, à mettre en danger la société, à abattre le mur de la haine qui protège de l’étrange, qui suscite rejet et effroi. On comprend qu’on la dise péché, non pas tant finalement pour des raisons théologiques. La bénédiction des homosexuels n’en est alors que plus évidente, puisqu’ils et elles jouent, parmi d’autres, le rôle de ceux qui font exclure Jésus parce qu’il les rejoint.

Si l’homosexualité est un péché, comme tout pécheur, les homosexuels sont réintégrés dans la société, la vie en commun, la fraternité. Ils reçoivent la bénédiction des origines, « et Dieu vit tout ce qu’il avait fait. C’était très bon. » Or qui n’est pas pécheur ? « Entendant cela, ils s’en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux. » (Jn 8, 9) Il s’agit seulement de faire tomber un mur qui n’existe pas, entre pécheurs et pécheurs, et non celui qui existerait, entre les séparés, les purs, les pharisiens, et les pécheurs.

Le péché de chair est en outre loin d’être celui auquel Jésus s’oppose. Statistiquement, l’appât du gain, la richesse est un péché bien plus condamné par Jésus, comme le pouvoir, et plus encore l’hypocrisie religieuse, celle qui précisément concerne les Pharisiens, dire et ne pas faire, dénoncer la paille dans l’œil de l’autre et ne pas voir la poutre dans le sien, etc. Le pharisaïsme, c’est se croire pur, séparé du reste de l’humanité qui se vautre dans le péché.

Pourquoi donc, lors de la rédaction des évangiles, continuer une telle diatribe contre les Pharisiens ? Certains ont suivi Jésus et ont donc entendu l’étendue de la bonté, de la bénédiction divine, et les autres ne lisent pas les textes évangéliques puisqu’ils ne sont pas disciples. C’est que le pharisaïsme n’est pas une affaire de Juifs contemporains, concitoyens, coreligionnaires de Jésus. C’est le type même du péché qui guette les gens de religion. C’est la maladie des disciples de Jésus.

« Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu’un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul corps, par la croix : en sa personne il a tué la haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches : par lui nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. » (Ep 2, 14-19)

 

Si l’homosexualité n’est pas un péché, alors il n’y a pas de problème et l’on se demande bien pourquoi certains s’évertuent à en créer un de toute pièce.


 

Voici les cieux nouveaux et la nouvelle terre :
Amour et Vérité habitent parmi nous !
Voici les cieux nouveaux et la nouvelle terre :
La Justice et la Paix nous ouvrent des chemins
Vers le Seigneur de Pâques !

Dieu se fait une joie
de nous créer par sa Parole,
de nous vouloir à son image,
de nous soumettre l'univers ;
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de nous choisir pour sa louange,
de nous choisir pour son service,
de nous choisir pour son Alliance,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de travailler par son Église,
de la bâtir au cœur du monde,
de voir son œuvre s'accomplir,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !

Dieu se fait une joie
de nous tirer de nos impasses,
de nous guider aux lieux déserts,
de nous conduire en son Royaume,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de nous sauver par un Baptême,
de nous guérir de nos blessures,
de nous combler de son Esprit,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
que nous luttions contre la haine,
que nous vivions de l'Évangile,
que nous servions les droits de l'homme,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !

Dieu se fait une joie
de susciter des êtres libres,
de rendre heureux tous les humains,
de leur apprendre à rendre grâce,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de rassembler tous ses enfants,
de les nourrir d'un même pain,
de les unir en un seul corps,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
que nous soyons le feu, le sel,
que nous voulions être un ferment,
que nous brûlions sur le boisseau,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !

Dieu se fait une joie
de faire à tous miséricorde,
de nous remettre nos péchés,
de nous former un cœur de chair,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de nous tenir en sa mémoire,
de nous garder devant ses yeux,
de contempler en nous son Fils,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de n'embaucher que des pécheurs,
de préférer ceux qui n'ont rien,
de nous aimer jusqu'à la croix,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !

Dieu se fait une joie
de révéler qu'il est l'Amour,
de nous montrer comment on aime,
de nous donner son propre Fils,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de secourir les opprimés,
de consoler tous ceux qui pleurent,
d'associer l'homme à son ouvrage,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie !
Dieu se fait une joie
de rassasier ceux qui partagent,
de pardonner à qui pardonne,
de faire grâce à qui fait grâce,
Bénissons-le ! Exultons de sa joie ! 

Didier Rimaud


1 commentaire:

  1. merci pour ces commentaires évangéliques à rappeler sur ce thème comme sur d'autres..

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