11/07/2024

Pour une "définition" de la mystique

 

F. de Zurbaran, Jean de la Croix 1656

La mystique ce serait l’expérience immédiate de Dieu, le cœur à cœur, qui dépasse tout entendement et qui ébranle le corps tout entier, au point de l’emmener dans des manifestations extraordinaires, surnaturelles. A lire les textes des mystiques, je n’en crois pas un mot.

La mystique c’est ce qui se passe pour qui fait l’expérience de l’absence de Dieu, de la nuit de la foi. Au même titre que ceux qui ne croient pas en Dieu. Mais ils ne se satisfont pas de cette absence brute, brutale. Ils ne se satisfont pas de leur vie, parce que cette absence est un grand vide, une blessure. Alors, il doit parler, il doit être présent. C'est la nuit sur cette terre, tant de violence, de haine, de souffrance et de mort ; la vie est nuit. Il ne peut, il ne doit pas en être ainsi.

La mystique est un gain sur l’impossible, un engagement en vue d’un gain pour l’impossible ; c’est, dans l’absence de Dieu, l’écart et la déchirure, dont sourd un appel : vivre n’est jamais ça, vivre, ça doit bien être autre chose, interior intimo meo. superior summo meo. C’est dans la nescience une connaissance d’un autre genre, ni naturelle ni surnaturelle, lorsque ce que l’on nomme dieu habite en l’humanité, ou inversement. (On comprend qu'il faille parler une autre langue, nouvelle, qui n'existe pas, et que le passage par des langues étrangères permet de mimer. Passer d'une langue à l'autre permet d'entendre ce que l'une ne sait pas dire et qu'une autre peut.)

C’est ce que je lis chez Jean de la Croix et Thérèse de Jésus, chez Thérèse de l’Enfant Jésus aussi, et tous les autres.

Des artistes, des artisans, et bien d'autres, sans recourir à Dieu, vivent cette déchirure de l'idée, du projet à la réalisation, ou plutôt de la réalisation qui n'est jamais ça et pourtant indispensable pour faire signe vers ce que l'on veut et désire.

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