04/08/2024

Couvrez cette Cène que je ne saurais voir

 

Hugo Steiner-Prag, 1930, détail Lithographie, pour une publication du Tartuffe en anglais

Couvrez cette Cène que je ne saurais voir. 
Par de pareils objets, les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
Tartuffe ou l'imposteur, Acte 3, Scène 2

Le problème n'est en définitive pas le blasphème constitué par une reprise de la Cène, mais l'exhibition de tout ce qui se distingue, ne serait-ce que par simple expression, de la culture du mâle blanc hétéro.
1. Deux Maghrébins ouvrent le spectacle, deux blacks le clôturent en incendiant la vasque. Marianne qui chante une marseillaise démartialisée est black. La Garde Républicaine se mêle, quitte à en perdre de sa légendaire re-tenue, à une autre black, dont les productions entraînent une partie considérable de la population française qui ne compte pas.
2. La sexualité hétéro, celle qui existe comme norme, naturelle ainsi qu'on dit, (dans les faits, le nombre de personnes respectant les prescriptions du modèle du couple hétéro et fidèle est nettement moins élevé !) a paru noyée au milieu d'autres rapports au corps et à la sexualité.
Cela fait beaucoup m'a dit un ami que je ne peux soupçonner de racisme ou d'anti-LGBTisme.
L'irrationnel des attaques autant que leur haine harcelante et la stigmatisation de la cérémonie par tout ce que la planète politique comporte de partisans des inégalités et des régimes qui portent atteinte à la démocratie (Trump, Erdogan, MMLP, par exemple) sont tels qu'ils mettent en évidence que le spectacle d'ouverture a touché ce qu'il ne faut pas toucher.
 
Le Vatican disjoncte comme quasi tous les évêques qui se sont exprimés et dont j'ai eu connaissance des propos. Ils se foutent des caricatures de la Cène, c'est une couverture.
 
PS On se rappelle que la pièce a été interdite après sa première représentation. Il ne semble pas que le roi ait été choqué, mais bien l'archevêque de Paris. C'était en 1669. « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
Je recopie la fin du prologue, de la plume de Molière, bien sûr :
"Huit jours après qu'elle eut été défendue, on représenta devant la Cour une pièce intitulée "Scaramouche hermite" ; et le roi en sortant, dit au grand prince que je veux dire : "Je voudrais bien savoir pourquoi les gens se scandalisent si fort de la comédie de Molière, ne disent mot de celle de Scaramouche." À quoi le prince répondit : "La raison de cela, c'est que la comédie de Scaramouche joue le Ciel et la religion dont ces messieurs ne se soucient point ; mais celle de Molière les jouent eux-mêmes. C'est ce qu'ils ne peuvent souffrir".

PPS, si j'avais su dessiner, j'aurais illustrer le post avec la nappe de la Cène de Léonard, tendue comme le mouchoir de Tartuffe, dissimulant des scènes d'abus sexuels (une jambe dépasse), des détournements de fonds (quelques billets), le baiser de Judas (avec François en Jésus, et François en Judas aussi).

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