Je reçois le mail d’une maman qui prépare le
baptême de son enfant et marque mon désaccord avec la formule, "il choisira plus tard". Que fêtes et saisons l’ait écrit
n’est pas une preuve d’orthodoxie, ni même de bon sens. Voilà ma réponse.
Si vous
donnez la vie à votre enfant, ce n’est pas pour que plus tard il ait le choix
de se suicider. Evidemment, cela arrive, mais on fait tout pour empêcher la
personne suicidaire de passer à l’acte. Or la foi est de l’ordre de la vie,
bien plus que de quelque chose qu’on pourrait accepter ou refuser. Je ne pense
pas que la liberté de croire soit une affaire de libre arbitre.
Si nous
avons un peu compris ce qu’est l’amour de Dieu, comment pourrions-nous le
refuser ? Comment dire à celui qui déclare son amour, qu’on n’en a rien à
faire ? En ce sens, je conteste que l’on parle de choix.
Bien sûr que
l’on n’ira pas chercher votre enfant contre son gré, et je sais que les
religions ne garantissent pas toujours la liberté religieuse. En ce sens, oui,
liberté il doit y avoir. Oui, la liberté religieuse, que l’Eglise catholique a
eu du mal à reconnaître et que les intégristes de Lefebvre estiment être une
hérésie, est non-négociable.
Cela ne
signifie pas que le fait de croire relèverait du libre arbitre, de l’optionnel
ou du domaine du privé.
Et dans le
cadre de l’éducation, j’imagine que vous partagez le plus souvent mon opinion.
Vous n’apprenez pas telle ou telle chose à votre enfant sous réserve qu’il ait
le choix plus tard de les retenir ou non, même si de fait il le fera, au moins
partiellement. En général, vous pensez bien que ce que vous lui apprenez, aussi
bien en matière de rythme et hygiène de vie, de morale, de culture, d’amitiés et
de rencontres, constitue l’équipement qui fait de lui un homme, une femme.
La foi ne me
paraît pas de l’ordre d’un quelque chose que l’on a ou non, que l’on peut
changer ou conserver, mais de l’ordre de la réponse à une déclaration d’amour.
De surcroît,
le Il choisira plus tard, pourrait exprimer le désengagement des
parents. Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire avec la célébration du baptême,
et advienne que pourra. Mais la célébration du baptême, qu’est-elle pour un
nouveau-né, s’il ne grandit pas dans un cadre où Jésus est l’ami, l’invité,
celui qu’on a plaisir à recevoir, qui occupe nos pensées, etc. Si la pratique
de l’évangile n’est pas la vie de la maison, qu’est-ce que l’enfant découvrira
de ce Jésus ? Certes, il choisira plus tard, mais c’est à peu près certain
qu’il ignorera Jésus si nous ignorons concrètement nous aussi ce Jésus. Ce ne
sera alors pas un choix libre, mais seulement la conséquence de non
inconséquence.
Voilà
pourquoi, le recours à la liberté ne me paraît pas si ajusté qu’il semble,
quand bien même il ne s’agit évidemment nullement de limiter la liberté de qui
que ce soit.
Pour avoir accompagné des parents lors de préparation baptême il me semble que derrière ces mots maladroits se cache une réalité : la Foi est une expérience personnelle, une rencontre avec le Tout Autre qui nous touche au plus intime de nous même...
RépondreSupprimerSi je demande le baptême pour mon enfant encore bébé, je sais que sa relation à Dieu "ne m'appartient pas". Bien sûr, s'il est quelqu'un pour moi je m'attacherai à lui parler de Lui, à trouver des occasions pour que mon enfant tisse des liens avec Lui...
Je me retrouve bien dans ton analyse sur l'engagement nécessaire des parents : comment pourrait-il aimer Dieu révélé en Jésus s'il ignore tout de Lui ? nous avons une responsabilité dans cette relation, comme d'ailleurs dans la plupart des relations de nos enfants (familiales, amicales et plus larges).
Mais contrairement à toi, je crois que l'on peut refuser cet amour, de même que certains en arrivent à refuser la vie. Je crois vraiment que nous sommes libres de rester sourd à cet appel de Dieu.
C'est important aussi de reconnaitre que nous ne décidons pas de tout, qu'en tant que parents nous ne serons pas maîtres de tout, et peut-être même que nous ne sommes pas maîtres du tout (seul Dieu est maître et Seigneur non ?).
J’essayais juste d'articuler liberté religieuse et foi. Ceci dit, je persiste. Je ne crois pas qu'on puisse dire non à Dieu dès lors que l'on a un peu compris quel est son amour.
SupprimerJe pense que l'on ne peut lui dire non qu'à se tromper sur son compte. Alors c'est encore au nom d'une idée de Dieu que l'on refuse ce que l'on ne peut pas croire être Dieu.
Reste Mt 25. On peut lui dire à dire non au frère et lui dire oui sans le connaître.
"Si nous avons un peu compris ce qu’est l’amour de Dieu, comment pourrions-nous le refuser ? "
RépondreSupprimerS'il devait en être ainsi (impossibilité de dire non), alors quel amour étouffant, sclérosant, que cet amour-là qui réclame adoration à grands "coups d'amour'....
Que Dieu m'aime, c'est son choix divin...
Le Désir d'y répondre on non, c'est mon choix humain.
Que toute autre option soit impossible, voila bien une idée d'un Dieu réclamant sans cesse un dû.
Cela dit je peux comprendre votre position en figurant un Dieu-Amour-Absolu devant lequel on ne peut que capituler et l'aimer, lui si Parfait...
Un amour de soumission en quelque sorte... pourquoi pas ?
On dit que dieu est Père; Loin de moi l'idée de me comparer à lui dans ma propre paternité !!
Reste que je n'imagine pas "obliger" mes enfants à m'aimer... sous prétexte que je suis leur père... Je préfère qu'il fasse un choix libre.
Vous ne pouvez certes pas obliger vos enfants à vous aimer. C'est le violeur qui commande qu'on l'aime. Et Dieu n'oblige rien. On peut même très bien vivre sans lui, tout en tenant de lui la vie (si du moins il est vrai qu'il est créateur).
SupprimerMais comment vos enfants pourraient-ils ne pas vous aimer ? Enfants, nous le sommes tous, nous sommes libres d'aimer nos parents, mais cela s'impose à nous. Ce n'est pas vraiment un choix.
Et quand il en va autrement, n'est-ce pas soit pathologique soit la conséquence d'une paternité indigne ? Connaît-on un enfant, petit, qui n'aime pas ses parents, même indignes ?
Seul celui qui dit "je t'aime", qui se déclare et se dévoile, peut aussi commander "aime-moi". (C'est du Ricoeur.) Mais alors de l'ordre d'aimer il n'y a que l'apparence. Il s'agit d'une supplique, d'une quête qui reconnaît son manque, son impossibilité à se procurer ce qu'elle désire. Ainsi en irait-il de Dieu, mendiant l'amour de l'homme, le suppliant, le priant, ainsi que le dit d'ailleurs Lc 15. On traduit par "son père sortit et l'en pria". Il me semble que l'on devrait traduire "son père sortit et le pria".
Devos avait tout compris !