Le dernier roman de Mathieu Lindon, prix Médicis en 2011, Une vie pornographique, POL octobre
2013, raconte la dépendance par rapport à l’héroïne. Mais c’est toute la vie
qui est finalement lue comme dépendance et capacité ou non à vivre le manque.
On pourrait en faire une lecture mystique, si l’auteur nous
y avait invités. « Cette idée folle de guérir du manque, ce serait guérir
de la vie. » (p. 244). Se vérifierait que les prostitué(e)s et les
publicains sont premiers dans le Royaume. A boucher le trou béant du manque par
toutes sortes d’artifices, ils sont confrontés au manque. Parce que les
artifices sont immoraux, à la différence du sport, du travail, de l’argent, des
honneurs, de la reconnaissance, du pouvoir ou que sais-je encore, qui fait courir
notre société, ils ne peuvent pas ne pas être confrontés à la vérité de tous.
Même la famille est une drogue. C’est bien de le dire après l’hiver mouvementé
de la famille idéale ! « La famille est une addiction obligée dont se
débarrasser est une autre addiction. (p. 259)
Avec la drogue et autres dépendances immorales, impossible
de faire le fier. Cela n’a même pas de sens. Et de fait, la question morale est
absente de toutes ces pages.
Il en va ainsi de toute vie, si du moins on ne fait pas
semblant de ne pas voir, si du moins, on n’est pas dans le déni. L’évangile de
Jean le dit : Vous dites Nous voyons, alors votre péché demeure !
« Heureusement qu’il y a un instinct pour être accroché
à la vie parce que peut-être qu’on n’y arriverait pas toujours par la seule
force du raisonnement. » (p. 262)
Notez l’euphémisme ou la stratégie pour éviter la certitude,
le dogmatisme. C’est comme avec Dieu. On ne peut que constater qu’il nous tient
autant qu’il nous manque. La force du raisonnement n’est pas suffisante, même
si elle assure qu’il n’y a alors rien d’insensé. Elle dit peut-être plutôt que
c’est par delà le sens, comme Nietzsche avait dit par delà le bien et le mal. Jenseits.
Un monde sans Dieu, sans Dieu apparent, qui en dit plus sur Dieu, ou du moins permet plus à Dieu, le dégageant de la gangue idolâtrique, que les discours affirmatifs, tonitruants, rassurants, assourdissants, lesquels ne sont qu’une autre forme de dépendance, pour ne surtout pas manquer.
Un monde sans Dieu, sans Dieu apparent, qui en dit plus sur Dieu, ou du moins permet plus à Dieu, le dégageant de la gangue idolâtrique, que les discours affirmatifs, tonitruants, rassurants, assourdissants, lesquels ne sont qu’une autre forme de dépendance, pour ne surtout pas manquer.
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