Alors qu’approchent les échéances électorales, comment voter
conformément à notre foi et à l’évangile ? Y a-t-il un vote chrétien, un
candidat des chrétiens ?
1. L’enseignement de l’Eglise ou l’appartenance chrétienne indiqueraient-ils
pour qui voter ?
Les peuples
qui parlent d’une seule voix, sans qu’une oreille ne dépasse, sont ceux de la
tyrannie et de la dictature. La liberté de conscience fait que l’uniformité est
le contraire de l’unité. Pour être unis voire unanimes, il faut être
différents. Les différences dans l’Eglise font de l’unité une mission, une
vocation. Irénée de Lyon, à la fin du 2ème siècle, parlait de la symphonie
du salut. L’enjeu politique dans et pour l’Eglise est de faire de la multitude
des voix une harmonie et non une cacophonie.
Ce que pense l’Eglise n’est pas, contrairement à ce que l’on
a pu raconter, ce que dit le chef, Pape, évêque ou prêtre, mais ce que vit le peuple
de Dieu dont font aussi partie le Pape, les évêques et les prêtres. Qui s’assiérait
sur l’avis des disciples du Christ ne parlerait pas au nom de l’Eglise. Parler
au nom de l’Eglise est aussi la mission des baptisés ; cela ne peut être
la canonisation de sa propre manière de voir ; il s’agit d’écouter
l’Esprit Saint qui agit dans l’ensemble du peuple de Dieu. Bien difficile dès
lors de dire ce que pense l’Eglise en dehors de la fidélité au Seigneur. Voilà
un critère peu opératoire au moment de choisir un bulletin de vote ! Ce
que pense l’Eglise, c’est, habituellement confirmé par les pasteurs mais parfois
contre certains, ce qui témoigne de la sollicitude de Jésus envers tous.
2. Y a-t-il un candidat des chrétiens ?
Voter pour un candidat parce qu’il est chrétien, ne
relève-t-il pas du communautarisme dont notre culture française se méfie ?
Ne doit-on pas rappeler les propos d’Augustin (vers 390) à propos de qui est
chrétien et appartient à l’Eglise ? « Beaucoup qui paraissent dehors
sont dedans et beaucoup qui paraissent dedans sont dehors. »
3. Y a-t-il un programme chrétien ?
3. Y a-t-il un programme chrétien ?
Juger de la
conformité à l’évangile d’un programme politique est nécessaire. Force est de
constater qu’aucun programme n’exprime l’évangile. C’est impossible, car
l’évangile, s’il invite à la transformation de la société selon le modèle du
Royaume, n’est pas un programme politique. Jésus a toujours refusé que
l’évangile soit lié au pouvoir, parce que l’évangile est service et qu’il se
trahirait à prendre le pouvoir, quand bien même la responsabilité de la chose
publique, étymologiquement de la république, a toujours été l’objet de la
prière des chrétiens.
Selon les évêques de France, il est des propositions
politiques contraires à l’évangile, comme ce qui divise, promeut l’exclusion et
ne lutte pas contre les inégalités sous quelque prétexte que ce soit par
exemple ethnique. Comment revendiquer une identité ou des racines chrétiennes
si l’on refuse a priori d’aimer ceux que l’on tient, à tort ou à raison, pour ses
ennemis ?
4. Comment décider ?
Plus que les intérêts communautaires, particuliers ou de
classe, le bien commun est ce qui doit déterminer notre vote. La recherche du bien commun est le
fondement de l’action politique et son critère d’évaluation. Privilégier le
bien commun signifie rejeter le clientélisme électorale, les promesses qui
favorisent certains, ne serait-ce que pour se les aliéner, aux dépens des autres.
La recherche du bien commun, d’aspect si laïc, pourrait bien rejoindre le commandement
du Seigneur de s’aimer les uns les autres. Si l’autre, tout autre, est considéré
comme un frère, c’est de fait le bien commun que nous promouvons en obéissant
au Christ.
Ceux que ces trop brèves réflexions auront fatigués pourront
peut-être trouver dans ce verset la norme de leur action : « Cherchez
d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroit. »
(Mt 6, 33).
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