07/04/2017

La bonté qui rend vie (Rameaux)


La lettre de Paul aux Philippiens date vraisemblablement de l’année 54, vingt ans après la mort de Jésus. On reconnaît dans le passage que nous venons d’entendre (Ph 2, 6-11), un texte plus ancien que Paul aurait inséré dans sa lettre. Le Christ Jésus, est-il dit, de rang divin, s’est anéanti jusqu’à la mort ignominieuse de la croix et c’est pour cela que Dieu l’a exalté, l’a relevé, l’a manifesté Seigneur à l’ensemble de l’univers.
La tradition de lecture donne à entendre la préexistence du Christ Jésus à sa vie d’homme. L’incarnation serait abaissement ; cela n’augure rien de bon pour l’anthropologie chrétienne ! Indépendamment de l’histoire des interprétations, voire du sens premier, la préexistence de Jésus, invérifiable, peut-elle ne pas être aujourd’hui qu’un mythe ? Se servir de l’hymne comme d’un exposé métaphysique, sur l’être de Jésus, n’est-ce pas lui ôter sa capacité à faire confesser Jésus Seigneur et la condamner à la mythologie, au mensonge ?
Ne doit-on pas plutôt entendre que, dans le cœur de Dieu, de toute éternité donc, un homme devait saisir sa mission c’est-à-dire sa vocation, comme obéissance en tout à celui qu’il appellerait Abba ? La vie de Dieu en cet homme, fidèle jusqu’à l’abject, pourrait-elle renverser l’inhumain et le mal ? La seigneurie de Dieu pourrait-elle être celle de cet homme dans le moment où, à bout, eis telon, il meurt et est recueilli par Dieu ? Sa mort pourrait-elle être pour tous la source de vie de la création même, que le mal ne cesse d’obstruer ?
L’hymne est introduite par une exhortation : Ayez les mêmes sentiments entre vous que ceux du Seigneur Jésus, lui qui, de rang divin, n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. S’il en est un qui peut prétendre vivre divinement, de par la mission reçue, mais aussi la manière de conduire sa vie, dans l’obéissance à la volonté du Père, n’est-ce pas Jésus ? Et bien, cet homme, qui vit selon Dieu tant par ses mœurs que par le sens de sa vie ‑ beaucoup le reconnaissent ‑ n’a jamais tiré avantage de cela. Il ne se l’est jamais raconté. Au contraire, il s’est abaissé jusqu’aux tréfonds de l’inhumain, de l’humain défiguré par la violence, la haine, la mort, bref, la croix.
Nous, moins encore, pouvons nous revendiquer d’un rang que nous confèrerait notre être disciple. A supposer que nous fassions honneur au maître dont nous nous disons disciples ! Le chemin des disciples, à l’image de celui du Christ Jésus, est d’abaissement. Point besoin d’autoflagellation ni de misérabilisme. Les autres se chargent de nos croix ! La méchanceté et l’injustice que Jésus a voulu clouer au bois n’ont pas encore perdu leur puissance venimeuse ; sans parler des souffrances, de la maladie, du grand âge et de la mort.
Dans l’abjection de la croix, dans l’inhumain où enfants, femmes et hommes agonisent et succombent, même là, celui dont la mission et la vie sont de rang divin provoque un retournement. Quand Dieu lui-même est traîné avec Jésus dans le gouffre du mal, c’est la vie. Ne le savons-nous pas qui emmenons Dieu avec nous dans notre mal ? Pensons à ceux qui, pécheurs publics et disciples, sont déclarés premiers dans le royaume. Du fond du gouffre où Dieu se tient avec nous – car il possible de prier depuis l’abject ‑ nous revivons déjà. Pas besoin de miracle, la bonté suffit. Cela a aussi et toujours été vécu dans les pires moments de l’inhumanité ; l’humanité divine de quelques uns a changé le monde, a rendu la vie aux frères. Maximilien Kolbe en est une illustration, peut-être image d’Epinal, pieuse du moins, qui vaut surtout et précisément comme révélateur de la bonté qui rend la vie.


- A l’entrée de la semaine sainte, nous te confions ton Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, qui est divisée en multiples Eglises ou communautés, marquée par le péché, guère universelle, et plus occupée d’elle-même que de sa mission.
- A l’entrée de la semaine sainte, nous te confions le monde dont tu veux faire le peuple de tes enfants, rassemblés dans l’unité, alors qu’il s’entretue, gaze des enfants, en laisse d’autres mourir.
- A l’entrée de la semaine sainte, nous te confions ceux qui espèrent en toi mais qui voient le mal, la maladie et la mort les rattraper.
- A l’entrée de la semaine sainte, nous nous confions à ton amour alors que tu sembles si loin au point que ton fils lui-même te cria son abandon.
 

1 commentaire:

  1. j'en suis désolé, mais à vous lire je me demande sincèrement ce que vous retenez du Credo car si Jésus n'est qu'un homme ayant ,certes,accmpli la volonté de Dieu qu reste-t-il de la Trinité et que gardez-vous donc de l'Evangile de Jean lequel insiste tant sur les relations entre le Père, le Fils et le Saint Esprit.
    Certes il nous est difficile d'admettre que le Fils soit à l'origine de tout et ait donc existé avant son incarnation mais "Dieu est Dieu nom de Dieu" comme disait Clavel

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