« Quelle
accusation portez-vous contre cet homme ? » Ils lui répondirent : « S’il
ne s’agissait pas d’un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. »
On prétend tenir un malfaiteur, mais on n’apporte aucune
preuve de son crime. La simple accusation se mue en condamnation. Condamné sur
des rumeurs, condamné par des ragots. Non pas seulement écarté, mais tué, mené
à la mort. Il n’a plus droit de cité, plus droit d’exister. La parole tue. Pilate
ne trouve aucun motif de condamnation et cependant le condamne. Il n’y a rien
dans ce dossier. Et comment pourrait-il y avoir quoi que ce soit puisque c’est
l’innocent qui est condamné ?
Et ce n’est pas fini. Aujourd’hui encore les rumeurs tuent.
Aujourd’hui encore l’on condamne sans preuve, organisant, orchestrant les
rumeurs, invérifiables. Une fois que le bruit court, une fois qu’il est arrivé
jusqu’au prétoire, palais du gouverneur ou autre, c’est trop tard,
irréversible.
L’homme, hier comme aujourd’hui, juge, oubliant qu’il
pourrait être lui-même jugé. Il s’érige en défenseur de la loi, de la morale,
de l’ordre, oubliant qu’il faudrait être sans péché pour jeter la première
pierre. Tous devraient se retirer à commencer par les plus âgés. Nous nous
faisons les défenseurs de la loi pour mieux oublier que nous sommes coupables. Nous
sommes coupables, mais nous préférons le déni, nous nous faisons juges.
N’y a-t-il pas urgence à sauver plutôt qu’à condamner, même
et surtout celui qui est condamnable ? La seule condamnation par Jésus n’est-elle
pas celle de ceux qui condamnent ? Fermer ou ouvrir les issues, les possibilités
de la vie, encore, choix de la vie ou de la mort, de la vie comme paradis ou
comme enfer.
Le Seigneur s’est battu jusqu’à la mort pour que rien ne
soit jamais fini de nos vies tordues, pour que nos vies soient encore et
toujours lieux de sa grâce, de sa présence.
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