Célébration pénitentielle
Is 9, 1-6 - Ps 102 - Lc 7, 37-50
« Ses péchés, ses nombreux péchés, sont
pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne
peu montre peu d’amour. »
Ce verset de Luc est intriguant. Il lie le pardon à l’amour
par un parallélisme. Par deux fois, d’abord on parle du pardon puis de l’amour.
Mais à y regarder de près, le texte présente plutôt des oppositions. La femme
montre beaucoup d’amour, celui à qui
on pardonne peu montre peu d’amour. Et si l’on est attentif à
la succession chronologique, on a deux phrases bien différentes. Cette femme a
montré beaucoup d’amour, alors ses péchés son pardonnés. D’abord l’amour de la
femme, ensuite le pardon. Le petit proverbe qui fait suite dit le contraire.
Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. On a envie d’exprimer la chose
positivement : Celui à qui on pardonne beaucoup aime beaucoup. D’abord le
pardon ensuite l’amour.
Que penser de cette construction si simple en
apparence seulement ? Y aurait-il un cercle du pardon à l’amour. Plus on
est aimé, plus l’on pardonne et plus l’on pardonne, plus on est aimé. Ce n’est
pas impossible. C’est même notre expérience. L’amour grandit par le pardon ou
meurt s’il n’y a pas de pardon. Les conjoints infidèles et pardonnés le savent.
Le pardon nous rend plus aimables et son absence plus haïssables.
Une chose cependant résiste à cette lecture. Et c’est
bien ce qui est intriguant. Le pardon des nombreux péchés de la femme est une
conséquence, une récompense de son amour. « Ses nombreux péchés sont
pardonnés, puisqu’elle a montré
beaucoup d’amour. » Heureusement
que Dieu ne conditionne pas son pardon à l’amour que nous avons pour lui et
pour les frères ! Nous serions souvent impardonnables.
Quand ils voient cette femme, tous voient ses péchés,
nombreux, alors que ce qu’elle montre, c’est son amour, en multipliant les
gestes de tendresse. Jésus prend soin de les relever et de les opposer un à un à
l’attitude de Simon. Pourtant Simon a invité Jésus à manger, n’est-ce pas un
geste d’amour ? Pourquoi ce repas offert n’est-il pas geste d’amour ?
Pourquoi les gestes du péché de la femme, caresse, sensualité, lascivité du
luxe (un flacon d’albâtre, un parfum sans doute au moins aussi onéreux) sont-ils
geste d’amour ?
Les apparences sont trompeuses, y compris celles du
récit. La petite parabole que Jésus raconte à Simon insiste non sur la
succession gestes d’amour pardon, mais établit que la remise de la dette ‑ le
pardon ‑ est proportionnelle à l’amour suscité. Celui à qui on pardonne
beaucoup aime beaucoup.
La solution de l’intrigue se trouve dans le regard que
l’on porte les uns sur les autres, ou ce qu’on laisse voir de soi. La femme est
réduite à ses péchés, elle se réduit peut-être elle-même à ses péchés. De toute
façon elle n’en a cure. Son péché est tellement évident qu’elle est libre d’aimer.
Simon est sans doute pécheur comme tout le monde, mais son péché est caché tout
comme son amour ; il apparaît comme un notable, quelqu’un de bien qui
invite Jésus a sa table.
Qui reçoit le pardon ? Celui qui sait qu’il est
pécheur. Comment aurions-nous besoin de pardon de Dieu si nous ne sommes pas
pécheurs, si nous ne nous voyons pas pécheur, ne voulons pas nous montrer
pécheurs ? Alors, la capacité à aimer est décuplée. N’importe pas le péché
mais l’abondance de l’amour. Le pardon n’est pas là pour effacer le mal, qui
est fait, mais il donne de le réparer en multipliant la capacité à aimer.
Nous recevons par le pardon du Seigneur de voir en
nous l’amour multiplié. Celui à qui l’on pardonne beaucoup montre beaucoup d’amour,
« celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » C’est ainsi que
nous réparerons les dégâts de notre péché, à aimer, à aimer beaucoup, de cette
capacité d’amour est ouverte par le pardon. La réconciliation que nous recevons
du Seigneur et des frères est le chemin vers la paix. On comprend que le peuple
qui marchait dans les ténèbres aient vu une lumière se lever dans la naissance
de l’enfant prince de la paix ! Après le péché multiplié, le pardon
multiplie l’amour.
Merci pour ce message très apaisant Dieu bénisse celui qui l'a écrit
RépondreSupprimerAmen, pardonner ou être pardonné multiplie l'amour en chacun de nous.c'est un verset qui m'a interpellé et que je le souhaitais approfondir merci pour ces explications. Soyez bénis.
SupprimerLe Seigneur est amour c'est pourquoi on doit s'aimer.
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