Mardi 22
septembre, le Pape était à Assise pour célébrer la 30ème rencontre
interreligieuse pour la paix organisée par la communauté San Egidio et les
franciscains d’Assise. Il y a trente ans en effet, Jean-Paul II avait invité des
représentants de nombreuses religions ; il y a cinq ans, Benoît XVI avait
marqué les vingt ans de la première rencontre.
La presse a
peu relayé l’événement, comme si les efforts pour la paix ne méritaient pas
d’être relayés. A moins que plus personne n’y croie et que le geste du Pape
paraisse un enfantillage dont on a honte ou que l’on méprise.
Depuis
trente ans, les intégristes de tout poil, dénoncent ces rencontres. Dialoguer
d’égal à égal avec les autres, c’est renoncer à la vérité que nous possédons et
à laquelle les autres doivent se rallier s’ils veulent être sauvés, c’est en
rajouter au relativisme moderne pour qui toutes les religions se valent, et ne
valent sans doute pas grand-chose.
Le Concile
Vatican ne l’entend pas ainsi. « L’Eglise catholique ne rejette rien de ce
qui est vrai et saint dans [l]es religions. Elle considère avec un respect
sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui,
quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et
propose, reflètent cependant souvent un rayon de la vérité qui illumine tous
les hommes. […] Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité,
par le dialogue et par la collaboration avec les membres d’autres religions, et
tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent,
préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et
socioculturelles qui se trouvent en eux. » (Nostra Aetate 2)
On ne dialogue
pas sans se rencontrer, se contentant de discuter ce que l’on croit savoir de
l’autre. Le dialogue demande d’autant plus de patience et de respect que l’on
se connaît peu. Plus le partenaire sera réticent au dialogue, plus il faudra
faire preuve de délicatesse. Quand on met un visage, voire une amitié, sur une
religion, on ne peut plus en parler comme avant. Si le partenaire refusait le
dialogue, il serait de notre responsabilité d’aménager les voies qui le rendent
possible. L’histoire fait parfois de nous les héritiers de ce qui l’empêche.
Parce que la
différence fait souvent peur, parce que les guerres ne sont pas des histoires
anciennes mais détruisent aujourd’hui des peuples et des cultures, les
religions, immergées dans ces peuples et cultures, ont le devoir de travailler
à la paix. Avec les religions, c’est souvent l’intime que l’on approche. C’est
pourquoi le dialogue interreligieux, outre la quête d’une vérité sur Dieu, est un
des chemins privilégiés de la paix à l’intérieur des sociétés et entre elles.
Même à admettre que nous n’aurions rien à voir avec la foi des autres, le
dialogue interreligieux est devenu indispensable.
Cela vaut
évidemment de notre relation à l’Islam, encore plus décidément autre, étranger,
dangereux, effrayant depuis septembre 2001. M. Juppé tire la sonnette d’alarme alors
que les discours d’exclusion se multiplient en France : « si nous continuons comme ça, nous allons vers la
guerre civile ». Que faisons-nous ? La paix est
d’autant plus fragile que certains jouent avec le feu pour se faire élire. On
ne peut exiger des musulmans, en Occident, qu’ils prennent la parole pour
condamner le terroriste, comme s’ils en étaient davantage responsables que les
autres européens, et refuser dans le même temps qu’ils existent publiquement
dans la société en tant que musulmans, sous prétexte de laïcité.
L’amour n’est pas aimé aurait répondu saint François au
Sultan qui lui demandait pourquoi les chrétiens, disciple d’un Dieu amour,
faisaient la guerre aux musulmans (les croisades). Le dialogue interreligieux a
pour but d’aider chaque homme appartenant à une tradition religieuse à aimer
l’amour et ainsi à construire la paix.
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