21/11/2016

La démission de l'archevêque de Lyon

Mgr Barbarin vient de reconnaître ses torts et de demander pardon pour sa gestion de l’affaire Preynat lors d’une célébration, le 18 novembre 2016.
« Ce soir, je demande pardon devant Dieu et devant tout notre diocèse, de n’avoir pas pris les devants pour enquêter comme il aurait fallu dès qu’un premier témoignage m’était parvenu, pardon de ne pas avoir sanctionné immédiatement un prêtre pour ses actes anciens, très graves et clairement indignes de son ministère, pardon de mes erreurs de gouvernance qui ont occasionné un tel scandale.
[…] Moi, Philippe, évêque de Lyon, je demande pardon, en mon nom personnel et au nom de mon Eglise, pardon pour tant de blessures, pour tant de silences et pour tant de phrases indignes. » (Source diocèse de Lyon)
Tout ça pour ça !
Deux ans après la première rencontre d’une victime de Preynat avec l’archevêque de Lyon.
Deux ans de mensonges, de roueries où il promet d’agir et diffère sans cesse l’action, où il se moque des victimes et laisse son avocat les insulter.
Deux ans de gesticulations médiatiques à jouer la victime lynchée par les méchants média qui ont eu comme seuls tords d’obliger l’archevêque à cesser de protéger un pédophile.
Deux ans à être la cause de ce que l’Eglise sainte soit trainée dans la boue pour défendre un siège et une carrière.
Deux ans à se servir de l'Eglise et non à la servir, à commencer chez les pauvres et les victimes.
Deux ans à ranger l’Eglise dans le camp du bourreau et non au côté des victimes.
Deux ans à se prétendre soutenu par le Pape et sans doute à le manipuler
Deux ans que des prêtres, des laïcs du diocèse et d’ailleurs, tentent d’interpeler le Cardinal, de le conseiller, et que, comme d’habitude, il n’écoute pas, car il n’écoute que ceux qui le courtisent. Ceux qui le prévenaient prétendaient précisément l’aider et les courtisans l’ont égaré ! C’est classique.

C’est la faillite d’une personne. C’est la faillite d’un système.
On se met à rêver. Et si, dès la première rencontre en 2014, les propos du 18 au soir avaient dicté la ligne de conduite de l’archevêque.

Une question. Des mots suffisent-ils ? Cette demande de pardon n’est-elle qu’une gesticulation de plus ? S’il s’est vraiment trompé et qu’il en est enfin convaincu, l’archevêque devrait présenter sa démission au Saint Père. Libre à l’évêque de Rome de l’accepter ou non. L’archevêque devrait démettre sa curie diocésaine. L’archevêque devrait modifier sa manière de gouverner, instaurant par exemple de nouveau le Conseil diocésain de pastorale.

Sans aucune de ces décisions, il sera évident que nous assistons à une manipulation de plus. Elle sera évidemment sacrilège, et même au carré, puisqu’elle a été faite au cours d’une messe de réparation après sacrilège, lorsque le corps du Seigneur est profané.

12 commentaires:

  1. H M, ashem23/11/16 07:05

    Ce que je comprends pour ma part, c'est que Patrick Royannais, dans l'immédiat du moins, ne prendra pas beaucoup de galons dans le diocèse de Lyon et, si ce n'est déjà fait, qu'il sera bien fiché non pas S quoique dangereux mais P R dans les bureaux des Nonces tant à Paris qu'à Madrid.
    P R selon ses initiales, mais pas que... P R comme prophète. Je suis en général critique, avare de compliments, plutôt mécréant, limite anticlérical par amour déçu. Pour le coup néanmoins je remercie Patrick et j'affirme qu'il tient, au sujet de Barbarin, des propos dignes des prophètes du premier testament. Vous savez : ces emmerdeurs exigeants dont on reconnait bien plus tard, quand on les a tués ou fait taire, qu'ils avaient raison. Quand on ne sait rien dire sur Dieu ; quand on est viscéralement attaché à l'Homme de Galilée, au Juif Jésus le Christ ; quand bien même on n'ose plus se dire croyant ou chrétien tant on est loin de vivre en vrai disciple du Christ ... on n'a pas besoin de paroles molles. On a besoin de prophètes emmerdeurs, même si par ailleurs on n'est pas maso.
    Vous l'avez compris : je dis oui aux propos de Patrick sur Philippe, cardinal Barbarin. S'il est sincère, qu'il démissionne et François, son patron, évêque de Rome, tranchera. L'Eglise catholique romaine n'a pas besoin d'excités de la com' qui s'agitent et s'écoutent parler. Elle n'a pas besoin de vedettes en promotion sociale permanente. Elle n'a pas besoin d'amputés du surmoi. Elle a besoin de pasteurs, nom de Dieu !
    Merci Patrick, tenez bon !

    RépondreSupprimer
  2. Je lis avec étonnement votre article sur Mgr Barbarin et puis je me rappelle 1 Cor 13...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous êtes-vous demandé pourquoi vous invitez à pratiquer la charité avec le Cardinal et ne pensez pas que la charité se pratique d'abord avec les victimes de ceux qui ont eu à supporter ce que lui même reconnaît comme ses fautes ?
      C'est curieux de privilégier l'institution contre les personnes. C'est l'erreur de toute une société, de toute une Eglise. Et vous persistez consciemment ?

      Supprimer
  3. j'invite à pratiquer la charité et pas uniquement envers le Cardinal et imaginez une seconde que j'ai de la compassion pour les victimes aussi douteux que cela puisse vous paraitre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les mots permettent tout, et même de se contredire...

      Supprimer
    2. Le Cardinal Barbarin a commis des erreurs (sans parler de ses prédécesseurs...) il le reconnait, tardivement sans doute, mais il le reconnait. Pour moi cela suffit pour faire preuve d'indulgence à son égard

      Supprimer
    3. Que cela vous suffise est votre droit. Est-ce que je manque de charité parce que cela ne me suffit pas ?
      On a trop vu le Cardinal dans le mensonge au cours de cette affaire pour demander que les actes accompagnent les paroles. Qu'est-ce que demander pardon si cela ne change rien et que l'on continue comme avant ? On n'est pas dédouané à avoir demandé pardon. Il faut que ceux qui ont été offensés puissent recevoir ces excuses. Sont-elles recevables en l'état ?
      Et ils sont nombreux à avoir été offensés, en premier, les victimes, ensuite, tous ceux qui ont été scandalisés par l'attitude de l'archevêque depuis janvier dernier.
      Jusqu'au 18 novembre, ils étaient traités de tous les noms. Le 18, pour partie du moins, le Cardinal a reconnu la légitimité de leur sentiment d'avoir été offensés par son attitude pas toujours adaptée.

      Vous parlez des prédécesseurs. Mais que savez-vous de ce qu'ils ont fait ou non ? Avez-vous remarqué ? Mon texte ne parle pas de ce qui se passe avant 2014.
      Avant, le diocèse de Lyon, comme l'aurait dit Mgr Brac de la Perrière, a B. Preynat à l’œil. Et je pense que c'est vrai. Le Cardinal n'a pas vu que la perception par la société de la pédophilie avait changé depuis 1991 et même 2000, ou du moins n'en a-t-il pas tiré les conséquences. Non seulement la société, mais aussi l'Eglise. C'est une faute de gouvernement. Ce n'est pas encore une faute contre les victimes. Ce n'est pas ce dont je parle.

      A partir du moment où le Cardinal est directement informé par une victime, les choses prennent un autre tour. (Vous avez remarqué, 2014, c'est justement la date que le Cardinal avait d'abord avancée, et qu'il a dû corriger pour faire jouer la prescription. Depuis, on sait que c'est 2004 et sans doute même 2002).

      Alors je redis, 2 ans à démentir ou à surseoir aux décisions pourtant annoncées, à tergiverser, à mensonges, et tout cela pourrait s'oublier par simple décision du coupable, parce qu'il l'a décidé et reconnaît s'être trompé ? Cela pourrait ne pas être, ne plus être, ne pas avoir été, parce qu'une demande de pardon (théâtrale ou du moins théâtralisée, la sobriété aussi peut être une posture et une mise en scène) a été formulée ?

      Ce n'est pas au Cardinal de décider désormais ce qui advient, mais à ceux qui accorderont ou non leur pardon. Mais tant que le Cardinal ne s'en remet pas aux autres pour accueillir (ou non) sa demande de pardon, comment ne serions-nous pas en face d'une violence de plus ? Je t'ai offensé, je le reconnais, mais tu dois désormais me pardonner ! Comment l'offenseur peut-il exiger le pardon ? Il ne peut que le supplier et espérer le recevoir. OU alors c'est une violence de plus, je le répète. Je n'ai pas vu cette supplique pour l'heure. Le Cardinal est encore en position de force, c'est encore lui qui a la main. Ce n'est pas ainsi que l'on présente ses excuses. Ainsi, la demande d'excuses ne me paraît pas crédible.

      Supprimer
    4. Je vous remercie de la possibilité que vos remarques m'offrent de préciser ma pensée, et ce d'autant plus après la publication d'un très mauvais papier ces jours. Le journaliste, si du moins il mérite un tel nom, prétend retranscrire mes propos. Mais il les transforme. On s'en convaincra sans problème à voir comment il utilise mon texte écrit pour lui faire dire, par des coupes dont il a le secret, autre chose que ce que j'ai écrit. Ce monsieur a une idée en tête : j'aurais demandé la démission du Cardinal et il se débrouille, à le montrer.
      J'ai premièrement déploré, comme une lamentation, une déploration, deux années d'attitudes inappropriées.
      J'ai deuxièmement et seulement indiqué quelles me paraissent être les conséquences de la célébration du 18 novembre, son sens, pour que cette célébration ne soit pas un mensonge de plus, et même un sacrilège.

      Supprimer
    5. je ne sais de quel journaliste vous parlez et peu importe d'ailleurs, mais à vous lire il ne me parait pas que ce serait déformer vos propos d'arriver à la conclusion que selon vous le Cardinal Barbarin aurait dû , sans l'ombre d'un doute, présenté sa démission au Pape.

      Supprimer
    6. Un texte n'est pas ce qu'on croit y lire, mais ce qui est écrit.

      Supprimer
  4. Je ne puis que vous complimenter dans votre rôle de Procureur absolument intraitable. Permettez-moi de vous dire qu'au temps ce l'inquisition il me semble qu'il n'aurait pas été rassurant de tomber entre vos mains,cela dit sans vouloir vous offenser.
    Mgr Barbarin n'a pas été à la hauteur ,c'est un fait.Il le reconnait et demande pardon.Lui accorder le bénéfice du doute c'est à dire croire à sa sincérité est inimaginable,vraiment?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Doume", votre tolérance excessive, pour ne pas dire votre assentiment (complicité ?) avec ce genre d'attitude institutionnelle est déplorable.
      Un responsable de communauté est, par définition, responsable de ses actes, de ses propos, de ses décisions. Il a camouflé, laissé faire, laissé dire, perdu les sens jusqu'à se persuader lui-même ! C'est un mal français de rester en place de responsabilité quand tout (la conscience personnelle et le respect de ses ouailles en premier) nous invite à justement prendre ses responsabilités et quitter la scène !

      Supprimer