P. Auer, Les Amants de Jésus, Le Cherche Midi, Paris 2021
Le roman paru sous pseudonyme Les Amants de Jésus raconte l’homosexualité du clergé, vécu par un novice puis profès de la Compagnie de Jésus. Du moins, c’est ce que l’on apprend du narrateur et l’auteur est à ce point renseigné que l’on peut penser qu’il y a une large part autobiographique. On reconnaîtra au passage tel ou tel, mais il y a fort à parier que les personnages sont moins des descriptions que des recompositions à partir de différentes personnes.
Sans doute pourra-t-on penser que le roman est à charge, même s’il est loin d’un règlement de compte . Peu me chaut. L’important réside dans l’exploration de l’homosexualité chez les clercs, religieux ou diocésains. La Compagnie n’est pas visée, mais ce que décrit par ailleurs J. Tricou dans sa thèse sur les masculinités dans l’Eglise.
On pourra être étonné, du peu de clercs, dans le roman, engagés dans les lieux de solidarité, le narrateur faisant exception. Hors c’est bien avec les pauvres, à tous les sens du terme, que l’on rencontre le Christ. On pourra être étonné que le seul qui paraisse véritablement attaché à Jésus soit l’homme de la prière hésychaste. Les amants de Jésus paraissent fort peu amoureux de leur Seigneur.
Mais le récit rend bien compte du mensonge, ne serait-ce que par omission, qui structure la vie des ecclésiastiques, y compris dans les relations pastorales. Les homosexuels dans le clergé, majoritaires, se détestent eux-mêmes. Le roman qui cite plusieurs fois Bernanos illustre la sentence du Journal du curé de campagne : « Il est plus facile que l'on croit de se haïr. La grâce est de s'oublier. Mais, si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même. » Tant que l’homosexualité des clercs sera leur honte, l’annonce de l’évangile, amour du prochain comme soi-même, ne pourra être qu’une mascarade.
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