Depuis la publication du rapport de la Ciase, plusieurs demandent la démission des évêques de France. Encore ce matin dans Le Monde.
Dans le même temps, nombreux sont les catholiques à contester le fonctionnement actuel de l'Eglise en France. Je retiens les posts récents de deux universitaires. Le premier est prof d'histoire. Il publie le 9 octobre un article d'il y a deux ans qu'il juge toujours d'actualité. Le second, prof de philo, qui ne se reconnaît pas la fibre militante, se rend à la nécessité de faire quelque chose dans un texte du 10 octobre. Et ainsi de suite.
Voici où j'en suis de ma réflexion.
C'est indispensable.
- Les évêques devraient, au plus tard lors de leur assemblée de novembre, présenter leur démission.
- Ils doivent venir à Lourdes accompagnés par un ou une laïc reconnu dans le diocèse pour sa compétence, sa sagesse et son sens de l'Eglise. (Comme c'est le cas pour le travail sur l'écologie. Cela doit être le mode ordinaire pour tous les dossiers, et en priorité pour les suites au rapport Sauvé.)
- Ils doivent arrêter de parler au nom de l'Eglise. La CEF, ce n'est pas l'Eglise en France ni une instance représentative de cette Eglise.
- Ils ne doivent plus intervenir dans les média, jeûner de prise de parole, et renvoyer, que cela plaise ou non aux média, à des chrétiens dans le diocèse pour les sollicitations de la presse.
Dans les diocèses où le Conseil diocésain de pastoral n'existe pas (oui, cela existe, c'est dire l'ampleur des déficiences), ils doivent confier à quelques laïcs et prêtres d'en constituer un. C'est avec ce conseil que, dans tous les cas, les affaires courantes seront traitées et que sera travaillée la mise en place des recommandations du rapport Sauvé, à commencer par la constitution du fonds de solidarité.
- L'assemblée de Lourdes, laïcs et évêques démissionnaires, doit travailler à la mise en place d'une instance ecclésiale représentative et synodale. Ce n'est pas l'initiative de quelques personnalités qui pourra changer les choses. Que telle ou tel lance un appel est sans doute la seule solution pour l'heure, dans une Eglise où il n'y a pas d'instance pour gouverner et s'exprimer ensemble. La synodalisation est la voie nécessaire, indispensable, parce qu'il est hors de question de ne rien changer à la structure, se contentant de remplacer des évêques par des laïcs. Se serait le même cléricalisme. Ce n'est pas évêques versus laïcs, mais autocratie versus synodalité.
Quant aux prêtres, comme collaborateurs des évêques, leur place est aux côtés des évêques, non comme leur lobby ou bras armé, mais comme conseillers.
Bonjour Patrick
RépondreSupprimerSouvent j'aime bien lire vos homélies dont j'apprécie le franc-parler. Là, votre texte me laisse indécise, comme l'est d'ailleurs ma pensée devant la situation actuelle dans l'Eglise. D'abord le 5 octobre, je n'ai pas été surprise, mes responsabilités dans le diocèse de Lyon, avant l'affaire Preynat en est la cause. Quelques remarques sur votre texte 1/ Sur la démission collective l'épiscopat, symboliquement je comprends que l'on y pense et peut-être que cela se fera. Après vous savez, comme moi, ce qui se passera, le pape reconduira dans leur charge, la grande majorité des évêques sauf ceux qui auraient couverts des prédateurs. On aura perdu plusieurs mois avant la mise en route des conclusions de la Ciase car, pour ce qui est des biens de l'Eglise, par exemple, je doute fort que quelqu'un puisse se substituer à l'évêque.
2/ Sur le "que chaque évêque aille à Lourdes accompagné d'un laïc reconnu" Il fut un temps où j'aurai pû être sollicité pour cela... Je pense que j'aurai répondu à mon archevêque : "il ne faut pas se foutre de ma gueule, assumez votre responsabilité, votre métier d'évêque ; moi je n'ai pas été ordonnée pour cela". On ne sait jamais ce que l'on ferait dans telle ou telle situation mais je ne pense pas me tromper beaucoup sur la teneur d'une réponse possible.
3/L'assemblée doit travailler à la mise en place d'une instance ecclésiale représentative et synodale. Beaucoup rêvent de lieux dans l'Eglise où puissent se discuter librement les décisions à prendre. Ils ont raison car c'est souhaitable mais c'est probablement un des enjeux les plus difficiles à réussir : si l'Eglise catholique n'est pas et ne sera jamais une démocratie, elle doit chercher un fonctionnement le plus démocratique possible. La "représentativité" est une question redoutable qui s'est présentée dans l'organisation de tous les synodes diocésains en France et sans doute ailleurs. Vous vous rappelez peut être des votes dans les assemblées paroissiales. La même question va se poser très vraisemblablement au cours du chemin synodal parce qu'il faudra bien trancher sur ce que l'on fait remonter à Rome. Je n'ai pas de bonne solution sur ce point parce que je pense qu'il n'y en a pas (voir ce qui se passe au plan politique).
Merci en tout cas de m'avoir donné à penser
Je me permets de répondre pour apporter des éléments au débat.
RépondreSupprimer1. La démission des évêques serait évidemment symbolique. Ils seraient immédiatement nommés administrateurs apostoliques et donc l’on ne perdrait pas de temps. La faillite du système est telle que les gestes, même symboliques, sont nécessaires. En tout cas, on est fatigué jusqu’à la nausée des discours, déjà entendus des dizaines de fois : la honte, la demande de pardon, le plus jamais cela. Comment se fait-il que cinq ans après l’affaire Barbarin rien n’ait changé du discours ? Combien de temps va-t-on nous le servir ? Si le discours ne change pas, n’est-ce pas l’indice que rien n’a changé ?
Certes, les évêques sont convaincus de faire beaucoup. Et pour certains, ce n’est pas faux. Ils ont écouté, ils y ont passé du temps. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Qu’est-ce qui a changé dans l’Eglise, dans leur gouvernement ?
Est-il normal que des diocèses n’aient pas de Conseil Diocésain de Pastoral ? Est-il normal que l’assemblée de Lourdes s’ouvre aux laïcs seulement sur une question si peu ecclésiologique, la sauvegarde de la création ?
2. Qu’à titre personnel, vous ne souhaitiez partager l’exercice des responsabilités, pourquoi pas. Mais il faudra bien que certains s’y collent, et si possible, les meilleurs. Cf. la parabole du buisson d’épine que l’on porte à la royauté (Jg 9)
3. L’Eglise n’est pas une démocratie. D’où tenez-vous cela ? C’est un article du catéchisme ou de la profession de foi ? Pourquoi répète-t-on ici ou là cet adage comme une vérité indiscutable, un mantra même, alors que nulle part il ne me paraît établi ?
J’ai idée, à vérifier, que cet adage est foncièrement anti-moderne, anti-démocratique. Grégoire XVI et Pie IX. Si l’on entend par démocratie son dévoiement, ses majorités à une voix près qui font que l’opposition ce peut être 50% moins une voix, l’absence de recherche du consensus, la force des lobbys, la loi du groupe le plus important seule légitime au dépens des autres, etc. oui, une telle démocratie n’est pas pour l’Eglise. Mais elle n’est pas pour la société non plus, et il faudrait s’en inquiéter (d’autant que c’est en grande partie ce qui nous arrive, et qui justifie que si peu croient encore à (la noblesse de) l’action politique).
Pourquoi nombre de diocèses n’ont pas de CDP ? Cela ne marche pas dit-on. Non, les évêques ne veulent pas que les CDP les obligent à faire les changements dont ils ne veulent pas. La recherche de consensus n’importe pas mais seulement ce qui est appelé le maintien de la doctrine, cad l’avis des évêques. Car la doctrine, elle, elle bouge sans cesse et beaucoup. Les évêques, pour ne pas avoir d’emmerdes avec les CDP les amusent avec des sujets sans intérêt. Du coup, effectivement, cela ne marche pas.
La démocratie, c’est autre chose n’est-ce pas. Que ce qui concerne tout le monde soit décidé par tous. Vieil adage, celui-ci, attesté.
Admettons que l’on préfère parler de synodalité. (On aura pris soin de mettre en évidence synodalité et démocratie, et non synodalité et caricature de démocratie, démocratie dévoyée.) Il n’y a pas d’autres chemins pour l’Eglise ne cesse de dire François.
Après l'excellent travail de M. Sauvé et de la Ciase, quelques décisions pourraient être prises rapidement. Voici des suggestions qui ne sont pas issues d'une haute réflexion théologique (encore que …) mais pourraient soulager, redonner confiance et espérance à quelques ploucs dans mon genre qui – mécréants, mal-croyants, chrétiens, cathos, attachés au message de l'Homme de Galilée – savent que c'est de l'Eglise catholique romaine pourtant que leur est parvenu la Bonne Nouvelle.
RépondreSupprimerSupprimons les appellations Mgr X, Père Y, Abbé Z, Révérende Mère N. Il est si simple d'utiliser le prénom ou, si l'on veut marquer quelque distance, de dire Monsieur ou Madame.
S'il est besoin d'avoir des ministères ordonnés mais non sacralisés, on s'empressera d'ordonner des femmes prêtres puis évêques ainsi que des hommes mûrs. On leur confiera des missions pour 6 années éventuellement renouvelables. Parmi elles et eux, on n'exclura pas des personnes mariées, ni des célibataires engagés dans la vie religieuse.
Un ministère confié ne le sera pas a priori à plein temps. Un mi-temps réservé pour un travail profane est source d'équilibre et gage d'un réel ancrage dans la vie humaine.
La CEF sera présidée par une femme avec rang de cardinale-archevêque, par exemple Mesdames Soupa ou Margron ou de Gaulmyn. Comme vice-président, cardinal-diacre, conseiller, M. Jean-Marc Sauvé sera tout indiqué.
La Ciase poursuivra son travail de recensement, écoute, assistance, enquête, suivi des décisions.
Les pédocriminels seront exclus des ministères ordonnés et de toute mission ecclésiastique. Leur travail profane rémunéré permettra l'indemnisation des victimes.
Soutanes, cols romains, aubes – vêtements professionnels – seront réservés au culte et au chœur à l'instar des soignant(e)s, magistrat(e)s, avocat(e)s, ouvriers et ouvrières, paysans et paysannes qui ne sont pas vêtus à la ville ou chez eux comme au travail.
Il est urgent de décanoniser M. Wojtyla, alias St Jean-Paul II, qui a soutenu le pervers Maciel bien que averti de ses crimes. La vérité doit l'emporter sur le fric et le vedettariat.
Les ministres du culte, les prédicateurs et autres responsables de la catéchèse s'abstiendront de dire à tout propos que Dieu a dit ceci ou cela, impose ceci et pas cela car ils n'en savent rien. S'en tenir à l'Evangile. Faire mieux connaître le Premier et le Nouveau Testament.
Il est indispensable de dire aux femmes qui prennent la pilule contraceptive qu'elles ne sont pas ipso facto en état de péché mortel.
Il est tout aussi indispensable de ne plus faire croire aux pieux adolescents et à bien d'autres qu'ils sont inévitablement en état de péché mortel à la moindre branlette.
Un sérieux toilettage dogmatique s'impose. Tous les dogmes ne se valent pas. Une approche historico-critique est indispensable. L'Incarnation et l'Infaillibilité pontificale ne peuvent être mis sur le même plan. La chosification des saintes espèces ne peut remplacer le véritable partage qu'implique l'eucharistie. Un culte raisonnable et limité à la vierge Marie, alias la Madone ou la Bonne-Mère, ne nécessite pas qu'on aboutisse à des détails gynécologiques aussi scabreux que détaillés du genre : Maria semper virgo, ante partum, in partu et post partum.
Finissons-en avec le jargon du type « Synode sur la synodalité » et les querelles byzantines sur le sexe des anges.
Utinam !