29/10/2021

Un sacerdoce saint 1 P 2, 4-9 (Dédicace de l'église)

Je profite de la possibilité de célébrer la dédicace de notre église et recours au lectionnaire approprié. Cela permet, après la lettre aux Hébreux dimanche passé, de poursuivre la réflexion sur le sacerdoce, avec la première lettre de Pierre.

Sacerdoce ou prêtre, dans le Nouveau Testament, chez les premiers chrétiens donc, ne désigne jamais un chrétien. Il y a des prêtres dans le Nouveau Testament, mais ce sont ceux des Juifs, y compris les grands-prêtres, et ceux des nations, des païens, comme l’on dit. Il n’y a pas la moindre exception. Aucun chez les chrétiens donc n’est prêtre (sacerdote). Il y a des anciens (presbyteros d’où vient le mot de prêtre), des épiscopes, des serveurs et d’autres ministères ou charismes encore qui ont cessé d’exister.

Cependant, il y a un grand-prêtre chez les chrétiens, comme nous le lisions la semaine passée, Jésus. Ayant offert une fois pour toute et pour tous, par sa mort, dernier mot de sa vie donnée par amour, l’unique sacrifice, il supprime le sacerdoce et les sacrifices. Y revenir, c’est rendre caduc le don que Jésus a fait de lui-même jusqu’à la mort.

Rentrant d’une session de prêtres, je constate que plusieurs n’ont jamais perçu la différence, ni par conséquent sa pertinence, entre sacerdotal et presbytéral. Or les prêtres, c’est fini, les sacrifices agréables à Dieu sont déjà offerts. Tant d’ignorance, y compris de telle conférencière présentée avec des titres longs comme le bras, est un vrai scandale et dit que notre Eglise n’est pas sortie du cléricalisme. Elle en sera peut-être morte avant que d’en être sortie. Il y a urgence, la maison s’effondre d’être de pierres inertes.

« Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. »

Mérite d’être soulignée la métaphore en forme d’oxymore, pierres vivantes ainsi que le fait qu’il n’y a pas de vocabulaire religieux pour désigner le lieu habité par l’Esprit. On ne parle pas de temple, mais de maison, Quant à spirituel, « la demeure spirituelle », cela ne veut pas dire maison au sens second. Spirituel désigne ce qui a rapport à l’Esprit. Les disciples sont invités à se laisser construire en maison de l’Esprit. Ils sont construits comme demeure de l’Esprit. Nouvel oxymore. Comme le vent, l’Esprit souffle, et l’on ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Sa demeure est l’humanité vivante, Adam, qu’il ressuscite. Il est un souffle autrement puissant que l’haleine de vie édénique. La maison commune, l’oikumènè, abrite l’Esprit.

Remarquons que les pierres que nous sommes sont vivantes en ressemblant à Jésus, la pierre vivante et rejetée. Remarquons que nous ne sommes pas par nous-mêmes, ni ensemble par notre réunion, la maison spirituelle. Il faut se laisser construire comme telle. L’Eglise ne sera habitée par l’Esprit, ne sera une maison de pierres vivantes, qu’à condition que nous nous laissions construire. Qui construit et comment ? Cela pourrait être la fameuse synodalité, manière de vivre ensemble de ceux qui font route ensemble.

Je peine à traduire la suite. Se laisser construire en maison spirituelle en vue du sacerdoce (pour) offrir les sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ.

Le but de cette maison spirituelle est le sacerdoce saint. Veut-on dire que la maison spirituelle deviendrait un sacerdoce saint ? Qu’est-ce que ce sacerdoce saint ? S’agit-il de l’édification des pierres vivantes ? Ce serait un nouveau glissement métaphorique. Ce n’est pas exclu mais ce n’est pas dit. Ou encore, qu’est-ce qui se joue par Jésus ? Le sacerdoce, l’offrande, le caractère agréable ? S’agit-il de son sacerdoce ? Je peine sur le texte et ne sais pas si l’on peut trancher, sauf à imaginer que le verset 9 éclaire l’obscurité du 5. Mais alors pourquoi cette obscurité ?

Des offrandes agréables à Dieu ont été offertes (il s’agit d’un aoriste, c’est fait). Le sacerdoce saint rendu possible par la disponibilité des pierres vivantes à se laisser construire, édifier en maison spirituelle pourrait bien être comme cette église, dans laquelle plus aucun sacrifice n’est offert et dont nous célébrons la dédicace. Elle est la trace, au milieu de la vie des hommes, d’un Dieu honoré. Nous sommes la trace de Dieu à condition de n’être pas faits de mains d’hommes avec des matériaux morts, comme la pierre. L’enjeu de notre malléabilité aux mains des bâtisseurs, le Fils et l’Esprit, n’est rien autre que la marque d’un lieu pour que le sacerdoce soit manifesté, pour que l’honneur de Dieu, qui n’a pas besoin de nous, déjà rendu par les sacrifices agréables, soit inscrit au cœur du monde.

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