Je reçois ce 6 octobre au soir, lendemain de la publication du rapport de la Ciase, un message circulaire d'un des services nationaux de la CEF. A priori, que des bonnes personnes, en l'occurrence engagées auprès de ceux qui souffrent.
Voilà le texte que je ne leur enverrai pas.
Chers tous,
Je ne me rappelle pas que les services de la CEF se soient manifestés pour être solidaires des victimes de pédocriminels, notamment dans l'affaire Preynat Barbarin.
Je trouve déplacé que désormais chacun y aille de son couplet.
Bien sûr en pensant en premier aux victimes. C'est merveilleux ces soudaines conversions.
Que les responsables dans l'Eglise se taisent et agissent, ce ne sera déjà pas si mal. Qu'ils s'empressent d'agir. Après, il sera peut-être opportun de parler. Qu'ils mettent en œuvre sans tarder le rapport et ses préconisations. Qu'ils inventorient ce qui peut être vendu pour indemniser les victimes. Qu'ils travaillent, toute affaire cessante, à la réforme de l'institution.
Vos paroles, après bientôt quarante ans depuis mon entrée au séminaire en 1983, depuis bientôt cinquante ans de vie consciente de mon baptême, me donnent envie de partir. Etes-vous certains d'avoir écouté, entendu, accueilli, cru les propos de François Devaux à qui la Ciase a donné la parole ?
L'institution vous fait écrire, comme des ventriloques, un texte d'autant mieux connu d'avance que vous l'avez sans doute mûrement réfléchi. Vous vous identifiez à l'institution en parlant pour elle, alors que l'Eglise, avant d'être les clercs et leur staff, les services d'une conférence épiscopale, ce sont les petits qui ont été violés. C'est à eux qu'il faut laisser la parole. Mais vous parlez à la place d'un François Devaux, par exemple, vous parlez pour ne pas entendre l'énormité de ce qu'il a dit qui ne fait que tendre un miroir à l'énormité de la catastrophe qui ne peut plus être niée.
Si jamais ces quelques lignes permettaient d'ajuster un peu mieux le tire par la suite, elles n'auraient pas été vaines.
Si vous les lisez avant de retrouver tout le monde demain, peut-être éviteront-elles la parlotte. Toute parole protocolaire peut-elle être autre chose ? Aucune parole qui ne soit mise en œuvre de l'une au moins des propositions de la Ciase ne peut être autre chose qu'un mensonge de plus de la boutique.
Tenez-vous, par exemple en silence, debout, dix mn (c'est long), en projetant toutes les mn, pendant quelques secondes, la fin de l'évangile de dimanche dernier par exemple.
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