« Je
ne crois pas l’Eglise capable de se réformer humainement. […] Je ne la
souhaite pas parfaite, elle est vivante. Pareille au plus humble, au
plus dénué de ses fils, elle va clopin-clopant de ce monde à l’autre
monde ; elle commet des fautes, elle les expie, et qui veut bien
détourner un moment les yeux de ses pompes, l’entend prier et sangloter
avec nous dans les ténèbres. Dès lors, pourquoi la mettre en cause,
dira-t-on ? Mais parce qu’elle est toujours en cause. C’est d’elle que
je tiens tout, rien ne pourrait m’atteindre que par elle. […] Le monde
est plein de misérables que vous [les évêques] avez déçus. Personne ne
songerait à vous jeter une telle vérité à la face, si vous consentiez à
le reconnaître humblement. Ils ne vous reprochent pas vos fautes. Ce
n’est pas sur vos fautes qu’ils se brisent, mais sur votre orgueil. »
G. Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune, 1937, 1 iii
G. Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune, 1937, 1 iii
(Bernanos,
catholique convaincu, se désolidarise de la posture partisane des évêques d’Espagne pendant la guerre civile. Monarchiste et proche des
milieux conservateurs, y compris de l’Action Française, il exerce sa
liberté de conscience pour faire part du scandale dont il est témoin,
sans se faire le moins du monde partisan du camp opposé. Le dernier prix
Goncourt s’inspire de son ouvrage.)
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