Les attentats n’arrêtent pas, dans de nombreux pays. Malgré
les discours guerriers ou les réactions bravaches (on vivra comme avant, même
pas peur, etc.) nous sommes confrontés à notre vulnérabilité (les pray for… en sont l’illustration). La
société qui se pense si forte ne sait pas défendre les citoyens. Nombreux sont les
pays visés, riches, moins riches ou pauvres, de tradition chrétienne, musulmane
ou animiste.
Les analyses n’ont pas manqué depuis un an ; elles sont
indispensables mais peu efficaces. Les interventions militaires et les mesures
de sécurité sont fort utiles, mais demeurent grandement insuffisantes. Nous
restons avec notre vulnérabilité.
L’éradication du terrorisme n’est pas pour demain. La
troisième guerre mondiale, ainsi que dit parfois le Pape, a commencé il y a
déjà longtemps, que ce soit avec la chasse, si peu réussie, aux Talibans, les
guerres du Golf ou le 11 septembre. La Lybie sera-t-elle le prochain théâtre
des opérations ? Rien ne semble pouvoir arrêter le terrorisme qui se
revendique de l’Islam et massacre les musulmans eux-mêmes. Nous restons avec notre
vulnérabilité.
Pour une large mesure, les apprentis sorciers d’une
politique internationale portent la responsabilité de l’émergence de Daech. L’instrumentalisation
de l’Islam radical pour contrarier l’invasion de l’Afghanistan est un des
premiers actes d’un piège qui se referme sur les Occidentaux. Nous nous croyions
les plus forts et nous voila avec notre vulnérabilité.
La mise en évidence de notre vulnérabilité est une chance, une
bonne nouvelle. A nous croire tout-puissants que n’avons-nous pas fait, combien
de guerres n’avons-nous pas justifiées ? Nous sommes à deux doigts de
détruire la planète après être passés à deux doigts d’une destruction atomique
massive.
La mondialisation permet la rencontre des cultures, pour peu
qu’aucune ne s’impose hégémoniquement, colonialement, économiquement ;
sinon elle est l’agression d’une identité que le rejet de l’autre protègerait. L’idéologie
identitaire et le refus de voir des cultures transformées à la rencontre des
autres sont partagés par les droites extrêmes en Europe, qui prospèrent, et par
l’intégrisme musulman. L’extrémisme politique, quoi qu’on en pense, a droit de
cité alors qu’on s’emploie à détruire l’intégrisme musulman. Chercher
l’erreur !
Les souverainismes ne supprimeront pas plus la violence
qu’ils ne la contiendront d’un côté de la frontière. Le terrorisme se moque des
frontières, comme internet. Nous avons construit un monde du libre échange où la
réciprocité et le partage n’ont pas de place, mais la domination et l’exploitation
de plus des trois quarts de l’humanité. Cherchez l’erreur !
Les terroristes usent du libéralisme déréglementé et des
moyens de communication les plus modernes (l’économie de Daech n’est quasiment
pas isolable du reste du marché). Nous en appelons à la morale et à la justice
quand on meurt dans nos rues, que dis-je, quand on tue des nôtres. Mais si d’autres
meurent, dans nos rues, à nos frontières, de justice et de morale il n’est plus
question. Le terrorisme tue ainsi que notre système économique ; le premier
doit être détruit, le second est légal. Cherchez l’erreur !
Le terrorisme islamiste n’a pas pour but de renverser les
inégalités. Ce n’est pas Zorro ou Robin des Bois. Il exploite les injustices
pour déstabiliser les sociétés, joue de tout ce qui peut opposer, richesses, identités,
religions, etc.. Les inégalités et injustices qui, comme Daech mais avec
d’autres armes, sont violence, labourent le terrain pour la guerre.
Le terrorisme révèle nos contradictions. Pour l’éradiquer
nous sommes sommés de sortir de nos contradictions. Nous resterons vulnérables,
parce que c’est le plus grand progrès de ces dernières décennies, pour ne pas
détruire l’humanité et la planète. Mais la vulnérabilité n’est vivable que dans
la confiance. Construire la paix et la confiance coûte moins cher que la guerre.
Mais cela rapporte moins que les armes, les insecticides, et autres systèmes de
destruction massive des populations et de la planète…
La confiance ne supprimera pas tous les fous et les furieux
dont il faudra continuer à se protéger ; le paradis n’est pas à notre
portée. Mais tant que nous refuserons de partager les richesses, tant que nous
nous refermerons sur nous-mêmes, tant que nous participerons à une
mondialisation injuste, la confiance sera impossible. Il n’y a pas de paix sans
justice.
Le contraire de la peur n’est pas la témérité ou
l’intrépidité, mais la confiance ou la foi (c’est la même chose). N’ayez pas peur dit le Ressuscité à ceux
qui n’ont pas confiance. Croyant ou non en la résurrection de Jésus, nous
devons passer de la peur à la confiance pour vivre paisiblement vulnérables.
Même laïcisé, même dé-théologisé, l’évangile demeure chemin de vie. A combien
plus forte raison, lorsqu’il est confession du Ressuscité !
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