Le fils de l’homme est un roman de Jean-Baptiste Del Amo de 2021. Trois personnages sans nom, seulement désignés par les rapports entre eux, le père et la mère de l’enfant. Huis clos que seuls les flash-back ouvrent sur quelques rares personnages, surtout celui qui apparaît dans la vie de la mère, mystérieusement, peut-être à l’origine d’une grossesse.
Le père parti de longues années revient. Il prétend vouloir veiller sur l’enfant et sa mère en les conduisant dans un coin de montagne inaccessible. Il a tout prévu pour leur survie. Mais survivre n’est pas vivre. Comme la montagne se referme, piège mortel, la violence destructrice du père. Il ne suffit pas de fuir pour se défaire de la haine et de la violence. Elles nous collent si bien à la peau qu’elles se transmettent comme un héritage, plus encore que la forme du nez ou la couleur des yeux. Le fils de l’homme ne pourra y échapper.
N’est pas Joseph, l’homme juste, qui veut. N’est pas ange, messager d’une naissance, qui veut. N’est pas mère qui médite tous les événements en son cœur qui veut. N’est pas enfant qui grandit en âge et en sagesse qui veut. De sorte que le roman écrit un anti-évangile, depuis, non la création du monde, mais l’humanité préhistorique. Comme si avec la culture se transmettait la violence de la nature. L’écriture romanesque ouvrirait-elle un salut ? Peut-être seulement comme miroir inversé des Ecritures.
L’évangile, celui que nous tâchons de suivre, est montré dans sa force. La sortie de la violence ne passe pas par la fuite du monde. Il faut s’y enfoncer à main nue et bras ouverts pour l’embrasser et le soigner, histoire de passion. Opportet transire. Le père et la mère ne reçoivent ces noms, non d’avoir engendré mais de redevenir fils et fille par le fils. « Il vous faut renaître. » C’est un autre père qui glorifie le fils de l’homme (Jn 13, 21-38). « Pour l’homme, c’est impossible. »
R. Magritte, Le fils de l'homme (1964) |
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